Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/526

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
514
DES LIEUX AFFECTÉS, II, v-vi.

Toutefois, si on se borne à considérer le lieu où se fait sentir la douleur, on ne trouvera point de signe qui indique que cette douleur affecte le colon plutôt que quelqu’un des intestins grêles. Ces souffrances semblent produites par un trépan, ainsi que l’expliquent les malades ; dans d’autres cas, c’est la sensation que produirait un pieu introduit dans les intestins, ce qui démontre que la partie affectée a une certaine épaisseur. Cette différence de sensations douloureuses vient de la quantité, de la consistance, du mouvement ou de la force de la substance qui produit la douleur, que cette substance soit une humeur ou un pneuma flatulent. En effet, l’intensité de la douleur variera suivant que la substance sera considérable ou minime, épaisse ou ténue, mobile ou immobile, et douée d’une faculté réfrigérante plus ou moins forte. Pour ce qui est de la douleur elle-même, elle appartient au gros intestin, soit qu’on la compare à la sensation produite par un pieu ou par un trépan. Ces douleurs ne sauraient être distinguées de celles que produit un calcul engagé, avant d’avoir observé les phénomènes consécutifs. Nous ne causerons aucun dommage si, malgré cette ignorance, nous cherchons à soulager. Dans les deux cas, les moyens de soulagement contre la douleur sont les mêmes : d’abord des fomentations ou des lavements chauds, et s’il n’y a point de soulagement, on aura recours aux médicaments appelés anodins, par exemple à celui de Philon (voy. Des médic. selon les lieux, IX, iv). Si c’est un calcul qui produit la douleur, il est rendu tantôt seul, tantôt avec du sang, par suite des déchirures qu’il produit sur son passage, surtout s’il est pointu ou hérissé d’aspérités. Si l’on examine ensuite les urines, on y verra un dépôt comme du sable. Or, s’il s’agissait d’une affection du colon, il n’y aurait ni sable, ni calcul, ni sang, mais une humeur vitrée, ainsi que je l’ai dit, ou les autres symptômes que présentent les affections de l’intestin : d’abord gonflement et tension, beaucoup de vents, et bientôt après des tortillements et des excréments flatulents, qu’il est facile de reconnaître, parce qu’ils surnagent dans l’eau, comme la fiente des bœufs. En outre, l’appétit et la digestion subissent des altérations avant, pendant et après la maladie. Par suite des relations de continuité de l’estomac et de l’organe primitivement affecté, les douleurs appelées coliques sont, elles aussi, précédées de crudités, de flatulences, de vomissements et