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DES LIEUX AFFECTÉS, II, v.



Chapitre v. — Des diverses espèces de douleurs et des causes qui y donnent naissance, telles que : dyscrasie, compression, contusion, blessures, altération subite du tempérament, solution de continuité, humeurs âcres ou épaisses ou mal tempérées, emphysème, coups de pierre ou piqûres. — Des douleurs abdominales produites par l’humeur que Praxagore appelait vitrée, ou par un pneuma flatulent ; comment on les distingue des douleurs causées par le passage d’un calcul à travers les uretères.


Quant aux autres espèces de douleurs, elles affectent certaines parties, et n’affectent pas les autres. Il faut, par conséquent, les avoir toujours présentes à la mémoire, et connaissant en même temps la nature de chaque partie, savoir l’espèce de douleur qui lui est propre, et celle qui ne l’est pas. Reprenons ces espèces de douleurs pour les énumérer : il y a une espèce de douleur qui existe par elle-même dans la partie souffrante, par suite d’une altération anormale de la crase, indépendamment de toute influence extérieure. Une autre, qui résulte de la tension, n’appartient pas exclusivement à la partie souffrante, mais est due quelquefois aux parties voisines. Une autre espèce est provoquée par le contact des corps extérieurs sur la partie souffrante, lorsqu’il y a compression, contusion, blessure, par un corps étranger qui produit la douleur. Quant à cette espèce de douleur qui résulte du mouvement, elle est produite par quelque cause intermédiaire, ainsi qu’il a été dit plus haut (chap. iii) au sujet de l’artère. La partie qui se meut d’elle-même s’étend aussi, et alors elle est comprimée, écrasée ou lésée par les parties voisines, avec lesquelles elle se trouve en contact : et si ce contact n’a pas lieu, la tension seule produit forcément la douleur, car toutes les parties qui sont mises en mouvement par d’autres, à moins qu’un corps étranger ne les touche, n’éprouvent d’autre douleur que celle qu’elles doivent nécessairement éprouver.

J’ai souvent parlé, dans d’autres écrits, de deux espèces premières de douleur, savoir : l’altération subite et considérable du tempérament, et la solution de continuité ; ce qui ne contredit nullement ce que je dis maintenant. En effet, toute partie distendue, comprimée, écrasée ou blessée, souffre par suite de la solution de continuité. Lorsque quelqu’un est blessé par une aiguille, il éprouve la même douleur que celle qui résulte de l’érosion par une humeur âcre. Dans les deux cas, la continuité est compromise. La douleur