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DES LIEUX AFFECTÉS, II, ii-iii.

temps soit une affection froide, soit une altération de sentiment et de mouvement produite par elle dans la partie. Nous savons que les parties fortement serrées s’engourdissent, et que l’engourdissement s’empare aussi de ceux qui touchent la torpille (νάρκη) vivante. Quant à ceux dont quelque membre a été frappé d’engourdissement, s’ils touchent un objet, ils ne perçoivent qu’une sensation obscure ; ils ne peuvent faire aucun mouvement, et s’ils y sont forcés ils en souffrent. Du reste, bien qu’ils perçoivent distinctement la sensation d’engourdissement, ils ne souffrent nullement s’ils n’essayent pas de faire quelque mouvement. Donc, c’est à tort qu’Archigène attribue exclusivement aux nerfs la douleur avec engourdissement : l’engourdissement est en effet l’indice d’une diathèse et non d’un lieu affecté.

Il se contredit un peu plus bas, et soutient que l’engourdissement est propre aux muscles. Voici en quels termes sont conçus les deux passages et d’abord le premier : « Les nerfs tordus sont distendus et indurés ; dans cet état ils produisent des douleurs avec engourdissement et des distensions avec dureté. » La phrase qui suit presque immédiatement est celle-ci : « Les muscles sont un mélange d’une nature spéciale de chair et de nerfs ; il y a aussi des artères ; dans les douleurs ils sont soulevés et turgescents, pour ainsi dire, ils se distendent sur un large espace, et ont des pulsations avec engourdissement. » — Dans le premier de ces deux passages, il est dit que les nerfs occasionnent des douleurs avec engourdissement ; et dans le second que les muscles ont des pulsations avec engourdissement, rapportant l’engourdissement non à l’affection, mais aux parties. Cependant, comme je l’ai dit, l’engourdissement n’est pas une maladie exclusivement propre à une partie, mais à une affection ; il est, il est vrai, commun à tous les corps, toutefois il se manifeste d’une manière sensible, non pas dans tous, mais dans ceux-là seulement qui ont naturellement le sentiment de leurs affections, et qui sont doués du mouvement volontaire. De plus, pour n’avoir pas établi de distinctions, l’assertion d’Archigène est en opposition avec ce qui se voit dans les muscles. Peut-être même ignorait-il que la chair ne se trouve jamais seule et isolée dans le corps, mais que la partie tendineuse des muscles se trouve le plus souvent à leur extrémité supérieure ou inférieure, où se rencontrent aussi les tendons ; tandis que tout ce