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DES LIEUX AFFECTÉS, I, vi.

une circonscription propre[1], comme cela a lieu pour les vaisseaux, de telle sorte que vous croiriez que chaque nerf, comme chaque vaisseau [ne forme qu’un canal], ne constitue qu’un cordon unique, mais [je savais aussi que] dès leur origine ils sont [composés de filets] nombreux, tous pressés et attachés par des enveloppes communes issues des méninges (névrilème). Ainsi la portion inférieure du dernier des nerfs sortis du cou va aux petits doigts (nerf cubital) en se distribuant au derme qui les entoure et de plus à la moitié du doigt médius. Ce qui semblait le plus étonnant aux médecins, c’est que la moitié du médius paraissait affectée. Ce fait même me confirma dans l’idée que cette partie-là seule du nerf avait souffert, qui, se détachant du tronc à l’avant-bras, aboutit aux doigts indiqués. Faisant donc enlever le médicament appliqué sur ses doigts, je le disposai précisément à cette partie de l’épine où se trouvait l’origine du nerf affecté. Et ainsi il arriva, chose qui sembla étonnante et extraordinaire à ceux qui la virent, que les doigts de la main furent guéris par les médicaments appliqués sur le rachis (cf. III, ii, iii)[2].

Une fois l’affection entièrement disparue, les médecins cherchèrent quelle pouvait être la diathèse des nerfs dans laquelle il arrive que le mouvement des membres est conservé, tandis que le sentiment est aboli. Pour moi, je leur dis, ce qui a été déjà énoncé par plusieurs autres médecins, que la sensation consiste dans une impression subie et le mouvement dans une action, que par conséquent il faut de la force pour mouvoir et que, pour sentir, la moindre faculté suffit[3]. Ce raisonnement leur ayant paru juste, eh quoi ! leur dis-je, n’avez-vous pas parfois vu le contraire, le sentiment conservé et le mouvement aboli ? Tous déclarant n’avoir jamais vu ce cas, à l’exception d’un seul qui prétendit en avoir vu un ; il cita le nom du malade et offrit de fournir des témoins. Ce fait parut en contradiction avec ce qui a été dit sur les parties douées de mouvement, mais non de sentiment. Sous ce rapport,

  1. C’est-à-dire, ne former qu’un cordon simple et unique.
  2. La même observation se retrouve dans le livre III, ch. xiv. Cf. aussi IV, v.
  3. Le mouvement qui a besoin d’une action très-forte pour s’exercer, exige l’intégrité de la faculté des nerfs, et ne supporte aucune lésion, tandis que le sentiment qui ne réclame pas une grande force, peut être conservé, lors mème qu’une partie de la faculté du nerf est compromise. — Voy. IV, vii, fine.