Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/502

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
490
DES LIEUX AFFECTÉS, I, iv.

des médicaments appropriés procure un soulagement évident des effets produits par l’une et l’autre humeur, vous aurez déjà un diagnostic scientifique et un guide dans le traitement dont la continuation guérira le malade. Mais si, de l’emploi de ces médicaments ordinairement salutaires, il ne résulte que dommage dans l’un et l’autre état morbide, vous reconnaîtrez que votre diagnostic est erroné.

La plus solide connaissance de toutes les affections semblables, se trouve chez ceux qui savent exactement par quels remèdes chacune d’elles est guérie. C’est ainsi que j’ai guéri plusieurs personnes atteintes de ce qu’on nommait colique, avec le médicament à l’aloès, en conjecturant que les tuniques de l’intestin affecté étaient imprégnées de l’humeur mordicante ; et je leur faisais prendre cette potion parce que je savais fort bien qu’elle soulageait cette sorte d’affection. Comme elle les soulagea effectivement, persuadé que ma conjecture était fondée, je leur en fis prendre à plus haute dose. — Il est bon de raconter comment me vint une telle confiance. Je vis un homme dont le mal était irrité par les aliments et les remèdes, en un mot, par un régime échauffant, et, au contraire, soulagé par un régime dit succulent et adoucissant. D’un autre côté, je vis que l’abstinence l’incommodait. Quand je lui demandai quel caractère présentait sa douleur, il me répondit qu’elle était mordicante. Cette réponse augmentant ma confiance dans la justesse de mon diagnostic, j’osai lui donner le médicament amer. La vue du soulagement manifeste qu’il produisit chez le malade, me convainquit que j’avais exactement conjecturé le genre de son affection. — J’interrogeai un autre malade qu’irritaient les aliments de facile digestion, sur les symptômes antérieurs, et instruit que l’ingestion d’un purgatif l’avait amené à cet état, je lui demandai encore pour quel motif il avait fait usage de ce médicament. J’appris que c’était par suite de douleurs mordicantes et rongeantes, fixées depuis longtemps dans les régions de l’estomac. Conjecturant de là que l’intestin avait été lésé par le purgatif, qu’il y régnait un flux d’humeur, que recevant aisément les superfluités du foie, il les corrompait, je lui donnai des aliments difficiles à corrompre et astringents. Ses douleurs cessèrent et il n’eut plus d’évacuation, tandis qu’auparavant ses picotements étaient toujours suivis de déjections corrompues,