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GÉNÉRALITÉS SUR LE DIAGNOSTIC DES LIEUX AFFECTÉS.

ment le même, et si la goutte d’eau, principe agissant contre lui, reste également la même, il faut qu’après le second coup, comme après le premier, le rocher se maintienne sans être affecté. Si cela est vrai du second, c’est vrai aussi du troisième ; car le raisonnement est le même. Il en sera de même du quatrième, du cinquième et de tous les coups ultérieurs. En effet, tant que la même cause frappera le rocher qui reste inaltérable, elle ne fera aucun progrès. Que si, après mille coups, le creux du rocher paraît visible, il faut dire que chaque coup a opéré la millième partie de l’affection visible pour la première fois dans le rocher. Lors donc que les causes agissent contre le corps, la figure de l’affection est la même dès le principe, mais elle est invisible à cause de son peu d’intensité. De si petites affections disparaissent sur-le-champ, guéries par la nature, quand les causes générales sont écartées. Un secours étranger est nécessaire à celles-là seulement que la nature ne saurait vaincre à cause de leur gravité. Ainsi, d’après ce raisonnement, aussitôt que l’humeur mordicante a raclé l’un des intestins, bien que le résultat ne soit pas encore visible, cependant la diathèse existe dans l’intestin sous la forme de la dyssenterie. De même donc que, sans aucune médication, la nature guérit de petits ulcères comme on en voit souvent survenir, de même encore elle guérit les érosions des intestins. D’après cela il n’y a donc pas une vérité absolue dans cette proposition émise par quelques personnes, que de semblables symptômes ne laissent dans les corps aucune affection. Si cela était vrai, quand une notable douleur se fait sentir, les intestins étant rongés par l’âcreté des déjections, dans ce cas, du moins, il y aurait affection des intestins.

Nous observerons comme un principe élémentaire dans toute la suite du discours et nous donnerons comme première règle de la méthode, pour découvrir les lieux affectés, cette remarque, savoir : que jamais aucune fonction n’est lésée sans que la partie qui l’exécute soit affectée (voy. chap. vi). En effet, si dans cette partie il existe une douleur ou une tumeur contre nature, c’est nécessairement qu’elle est affectée, et à plus forte raison quand la fonction est lésée. Nous avons dit encore précédemment que la nature des excrétions nous sert à conjecturer quels sont les lieux affectés ; il est évident qu’on peut arriver de deux façons à cette conjecture,