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DES LIEUX AFFECTÉS, I, i.

larynx qui constitue l’épiglotte (cf. IV, xi med.). Le jeune homme fut donc guéri quand nous n’espérions pas beaucoup sa guérison ; mais il lui resta une altération de la voix. La nature propre de la substance distingue aussi les ulcères des reins de ceux de la vessie. Aussi Hippocrate a-t-il écrit dans ses Aphorismes (IV, 76 et 81 ; — voy. plus loin, livre VI, iii et iv) : « Les corps lamelloïdes rendus avec les urines indiquent une ulcération de la vessie, et les corps charnus une ulcération des reins. »

Parfois même les substances contenues dans certaines parties nous font connaître [en s’échappant] le lieu affecté. À Mitylène, un certain jeune homme fut blessé assez avant d’un coup d’épée au siége (périnée). Les trois premiers jours il resta sans manger ni boire ; le quatrième, après le pansement, il mangea et but, puis, au coucher du soleil, après un nouveau pansement, il rendit par sa blessure environ quatre pintes d’urine, n’ayant pas encore uriné du tout depuis qu’il avait été blessé. Il déclara alors qu’il était complétement débarrassé du poids qu’il sentait auparavant dans la région qu’on appelle le pubis (pubis et région sus-pubienne). Il est évident par là qu’il avait été blessé à la vessie. Il est évident aussi, s’il sort des excréments par la blessure, qu’un des intestins a été blessé. — D’un autre côté, s’il sort des aliments, cela indique une lésion de l’estomac[1]. — Une tumeur étant survenue à quelqu’un au-dessus de l’aine, et le médecin l’ayant incisée pour en faire sortir le pus, il s’en échappa de la matière fécale, ce qui indiqua clairement qu’il y avait un abcès au colon (cf. VI, v fine). — Un cas de la même espèce que ces derniers, c’est celui où l’air s’échappe par la blessure du thorax et où le sang jaillit de l’artère. Comme souvent le corps blessé est caché aux regards, ces circonstances fournissent un diagnostic exact. En effet, l’air en s’échappant du thorax, dans les expirations, indique la lésion de la membrane qui tapisse les côtes (plèvres) ; le sang, en jaillissant par saccades, annonce une rupture de l’artère. De plus encore, ce sang est plus chaud, plus ténu et plus jaunâtre que celui des veines. Ces circonstances offrent un diagnostic bien net. De même, si l’on voit s’échapper par la blessure l’épiploon ou quelqu’un des intestins, il faut que le péritoine soit déchiré. Si

  1. Cf. Galien, Comment. In Aph., VI, 18.