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DE LA MEILLEURE SECTE, À THRASYBULE, xli-xliii.

cette proposition serait vraie, mais il n’en est pas ainsi, car d’abord les moyens de traitement usent nécessairement les forces, parce que tous sont contre nature ; et, en second lieu, parce qu’ils endommagent les parties saines, ils se joignent aux causes morbifiques, et pendant qu’ils enlèvent les causes, ils produisent un amoindrissement tout aussi bien des parties saines que des parties malades.


Chapitre xli. — Que les médicaments n’agissent que par l’intervention de la nature.


D’abord il ne faut pas ignorer l’essence des médicaments et leur utilité, car les médicaments ne sont pas capables de supprimer les causes par eux-mêmes, mais ils ont besoin que la nature leur vienne en aide ; ils donnent seulement pour ainsi dire l’impulsion et le point de départ à la nature ; quant au reste, la nature le fait par elle-même. Aussi, lorsque les forces sont intactes, elle supporte même les effets nuisibles des médicaments, et tolère sans grand inconvénient la suppression (diminution) de ce qui lui est propre (c’est-à-dire des parties saines), et elle peut expulser ce qui lui cause du dommage ; mais quand les forces sont opprimées, ce qui est ordinairement le cas au summum des maladies, la nature est plus lésée par les moyens de traitement qu’on emploie ; elle s’affaiblit par la suppression de ce qui lui est propre, succombe davantage sous l’action des causes, et ne peut en aucune façon expulser ce qui rend malade. Quand la nature, malgre tous les efforts qu’elle fait, ne peut pas expulser ce qui lèse, elle est considérablement affaiblie par ses efforts mêmes. Voilà pourquoi Hippocrate dit (loc. cit.) : « Si on veut mettre quelque chose en mouvement, qu’on le fasse au commencement des maladies et qu’on se tienne tranquille au summum. »


Chapitre xlii. — Que ce ne sont pas les forces qui indiquent par elles-mêmes, et qu’elles ne sont pas des buts pour les moyens de traitement.


On croira peut-être d’après cela que les forces suggèrent le traitement utile ; mais on va apprendre pourquoi les forces n’indiquent aucun moyen de traitement : si les forces, quand elles sont suffisantes, indiquent un moyen de traitement, chez les gens bien portants elles indiqueront aussi un moyen de traitement, attendu