Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
444
DE LA MEILLEURE SECTE, À THRASYBULE, xxviii-xxix.

qu’une raréfaction démesurée ne se comprend pas par elle-même. Mais d’où comprend-on que la matière à évacuer doit rester dans le corps ou non ? car cela ne se comprend pas par soi-même. Il est clair que le relâchement ne se comprend pas non plus par lui-même, car pour reconnaître le relâchement, il faut déterminer d’abord ce qui est normal, et on arrive à cette détermination par l’usage, et on connaît l’usage par les produits ; comme à son tour le flux ne se reconnaît que par plusieurs intermédiaires, lesquels ne se comprennent pas par eux-mêmes, comment serait-il donc raisonnable de dire que le flux apparaît ? Peu s’en faut même que la chose regardée justement par les dogmatiques comme très-difficile à comprendre, ne soit considérée comme très-apparente par les méthodiques ; car ce qu’ils appellent relâchement ne diffère que par le nom de ce que les anciens nomment colliquation (συντήξις). Les anciens croyaient que la différence entre la colliquation et l’excrétion était si difficile à établir, qu’Érasistrate avoue franchement que c’est là la chose la plus difficile à discerner ; voici ses paroles : « Il est tout à fait difficile de discerner l’excrétion et la colliquation. » Hippocrate s’en rapporte, pour les distinguer, à cette circonstance que l’évacuation est bien ou mal supportée. « Si les malades, dit-il, sont purgés comme ils doivent l’être, cela leur fait du bien et ils le supportent facilement (Aph., I, 2). » Ainsi, tandis que de deux médecins anciens qui luttent pour le premier rang, mais qui sont d’accord pour avouer que l’excrétion se distingue difficilement de la colliquation, l’un ne donne aucun signe de l’évacuation et indique seulement la difficulté de la distinction, et l’autre fait dépendre la distinction d’une règle difficile à saisir, les méthodiques sont d’avis que cette distinction est évidente.

Quant à la perspiration insensible, comment diront-ils qu’ils y reconnaissent le relâchement ? Ils ne peuvent pas dire que c’est au moyen de l’affaissement (σύμπτωσις), attendu que l’affaissement ne s’observe pas seulement chez les individus qui ont une évacuation par relâchement, mais aussi quand les menstrues sont retenues par le resserrement. De même la tuméfaction ne se montre pas seulement par suite de resserrement dans le cas de rétention des matières qui doivent être évacuées, mais aussi dans le cas de flux, lorsque les liquides atténués sont répandus et distendent le corps. On verra par ce qui suit que l’affaissement per-