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DE LA MEILLEURE SECTE, À THRASYBULE, xiii.




Chapitre xii. — L’observation déductive qui repose sur le concours des symptômes est impossible.


Je vais démontrer par ce qui suit que l’observation du traitement sur le concours des symptômes est impossible. Les empiriques disent donc que l’observation porte non sur un ou deux symptômes, mais sur un très-grand nombre, particulièrement sur ceux qui se montrent le plus souvent et qui se présentent de la même manière. Quand on leur demande s’ils basent le traitement convenable sur l’observation des symptômes de même espèce, ils sont forcés de répondre par l’affirmative ; car si, d’après tels symptômes, ils constatent de la fièvre ou de l’inflammation, et d’après tel autre une évacuation de bile par les vomissements ou par les selles, ils ne pourront pas observer le même traitement [quoique les symptômes soient de la même espèce][1] ; ils ne diront donc certainement pas qu’il suffit que les symptômes soient les mêmes eu égard à l’espèce, mais encore qu’ils doivent être en nombre égal ; en effet, si les symptômes sont les mêmes, mais si tous, ou du moins la plupart, ne coexistent pas, le concours est changé, et il faut avoir recours à une autre observation de traitement, attendu que l’observation doit se faire sur les mêmes espèces et sur des nombres égaux. Nous allons rechercher maintenant comment tout le traitement se change par l’addition ou par l’absence d’un symptôme : il existe pour l’inflammation un traitement fondé sur l’observation ; si donc vous supprimez un symptôme de l’inflammation, par exemple la douleur, le traitement doit changer également, car au lieu de l’inflammation simple il y aura un squirrhe ; alors le même traitement ne convient plus. C’est ainsi que le traitement se change par l’absence d’un symptôme. Il se change de la manière suivante par addition : si à l’inflammation s’ajoute de la fièvre ou de la syncope, par cette addition dans les symptômes le concours devient autre, et on emploie un traitement différent. Mais il ne suffit pas que les symptômes soient les mêmes quant à l’espèce et égaux en nombre, il faut que leur intensité ne soit ni en excès ni en moins, car le traitement varie aussi suivant

  1. C’est-à-dire : il y aura autant de maladies que de symptômes.