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RÉFUTATION DES EMPIRIQUES.

ptômes présents : il ne s’occupe pas, par exemple, de savoir si les cheveux sont lisses ou crépus naturellement. Il n’est donc pas superflu de leur demander la cause pour laquelle ils n’observent pas le traitement sur tous les symptômes, mais sur quelques-uns seulement, tandis que les symptômes, aussi bien ceux sur lesquels porte l’observation, que les autres qui sont [regardés comme] inutiles, ne diffèrent en rien, en tant que phénomènes. Qu’ils nous apprennent donc ce qui leur indique quels sont les symptômes utiles. Est-ce un phénomène ou une chose cachée ? S’ils répondent que c’est un phénomène qui leur fait distinguer les symptômes utiles sur lesquels doit porter l’observation, nous leur opposerons que ce phénomène, en tant que phénomène, ne diffère en rien des symptômes inutiles ; s’ils disent au contraire que c’est quelque chose de caché qui leur indique les symptômes utiles, ils avoueront que les choses cachées sont utiles pour l’observation des symptômes. Mais les choses cachées ne se comprennent par nul autre moyen que par le raisonnement. Par conséquent ; si l’observation des choses cachées sur le concours de symptômes est utile, et si ces choses ne se comprennent par nul autre moyen que par le raisonnement, il est clair que l’observation est impossible sans le raisonnement ; c’est donc par cette argumentation que vous forcerez les empiriques de convenir que le raisonnement est utile à l’observation.

Ils répondent en disant qu’ils ont appris par l’expérience quels sont les symptômes utiles, et que l’observation leur a enseigné également de quels symptômes il faut tenir compte et de quels il ne faut pas s’occuper. La réponse à cette objection est courte : puisque les symptômes dont on ne doit pas tenir compte dans l’observation sont innombrables, il était impossible d’arriver, pour chacun de ces symptômes, à savoir qu’il ne faut pas baser l’observation sur eux ; car il est impossible de faire porter l’observation sur l’infini. Enfin, traqués de toutes parts, il ne leur reste plus d’autre ressource que de dire qu’ils tirent au sort les symptômes sur lesquels il faut baser l’observation et ceux qu’ils doivent omettre. Qu’y a-t-il de plus ridicule qu’une pareille manière de procéder ? Nous voici arrivés à la fin de cette discussion.