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DE LA MEILLEURE SECTE, À THRASYBULE, x-xi.

tion, attendu qu’on ignore la cause et qu’il n’y a eu aucune observation directe. On est donc obligé de prendre en considération la similitude des symptômes, et ainsi on passe du semblable au semblable. Exemple : quelqu’un ayant été mordu par un hémorrhoüs (animal indéterminé) est atteint d’une hémorrhagie ; si on ignore la cause de cet accident, et si en outre on n’a pas observé de cas semblable, on a recours au traitement mis en usage contre les hémorrhagies traumatiques. C’est à peu près de cette manière que les médecins de Cnide essayaient de traiter la suppuration du poumon en faisant usage du passage du semblable au semblable. Comme tout ce qui est dans le poumon est rejeté par la toux, ils tiraient au dehors la langue et versaient dans la trachée une liqueur propre à exciter une forte toux, afin de faire rejeter le pus par un mouvement semblable à la toux naturelle. Donc l’analogisme se base sur le passage du semblable au semblable ; c’est en raisonnant par analogie que nous passons du semblable au semblable.

Les empiriques se servent autrement, et par un procédé différent du nôtre, du passage du semblable au semblable, car ils disent que ce passage s’opère d’un moyen de traitement à un autre moyen de traitement, ou d’une maladie à une autre maladie ; d’un moyen de traitement à un moyen de traitement de la manière suivante : quand les mêmes phénomènes accompagnent l’emploi de deux moyens de traitement, alors on opère le passage du semblable au semblable ; ainsi on passe d’une pomme à une nèfle. Mais nous leur dirons que le passage, tel qu’ils prétendent l’opérer, est impossible ; car est-ce en se servant du raisonnement ou de l’observation qu’ils opèrent ce passage ? S’ils répondent : c’est au moyen de l’observation, nous objecterons que le fait et la connaissance du fait est une observation et non un passage du semblable au semblable ; s’ils prétendent que c’est par le raisonnement, nous leur demanderons si c’est en prenant tous les symptômes, ou seulement quelques-uns en considération, qu’ils passent du semblable au semblable ; s’ils disent que c’est en invoquant tous les symptômes, nous leur répondrons qu’on ne saurait rien trouver qui soit semblable à une autre chose sous tous les rapports, car les choses qui ne diffèrent en rien l’une de l’autre sont identiques et non pas semblables.