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DE LA MEILLEURE SECTE, À THRASYBULE, iii-iv.

très-différents. Parmi les choses qui ne tombent pas sous les sens, comme les unes sont manifestes, par exemple : il est impossible qu’un même homme soit à la fois à Athènes et en Égypte, et que d’autres se comprennent par la démonstration, les choses manifestes se jugent par le sens commun, et celles qui se comprennent par la démonstration se jugent par leur conformité avec les choses reconnues généralement comme vraies. D’un autre côté, le discernement de ce qui est conforme est multiple, car la conformité se juge, soit par rapport aux phénomènes, soit par rapport aux choses évidentes, soit enfin par rapport aux choses prouvées. Nous avons donc exposé comment il faut juger si une chose est vraie et donné les moyens qui conduisent à ce jugement.


Chapitre iii. — Comment on juge qu’un théorème est utile. — Les phénomènes ne sont pas le principe de l’art, mais le principe de l’invention des théorèmes sur lesquels l’art repose.


Il convient de parler maintenant du théorème, eu égard à son utilité : l’utilité d’un théorème se juge par son rapport avec le but de l’art. Il faut d’abord qu’il puisse être conçu, car s’il est impossible comme celui-ci : la bile du centaure guérit l’apoplexie, il est inutile, puisqu’il ne peut pas se concevoir. En second lieu, la perception d’un théorème ne doit pas être du domaine du vulgaire, mais seulement des gens de l’art ; aussi déclarons-nous dans l’erreur ceux qui pensent que les phénomènes sont le principe de l’art ; en effet, l’art n’est pas plus constitué par le phénomène que la transmission de l’art ne prend son point de départ dans les phénomènes, car personne ne transmet les phénomènes, mais on transmet les théorèmes qui reposent sur les phénomènes, et qui, eux-mêmes, ne sont pas accessibles aux sens. On regardera donc avec raison ces théorèmes comme le vrai fondement de l’art, je veux dire les théorèmes déduits des phénomènes ; c’est-à-dire on admettra que le principe de la transmission de l’art découle des phénomènes. Si quelqu’un soutenait que les phénomènes sont le principe de l’art, il professerait, sans s’en douter, qu’il n’y a point de différence entre l’art et l’absence de l’art, car la perception des phénomènes étant la même pour le vulgaire et pour l’artiste, il est évident que l’artiste ne s’élève en rien au-dessus du