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DES THÉORÈMES EN MÉDECINE.



Chapitre ii. — Manière de reconnaître l’exactitude et la légitimité d’un théorème.


Le vrai se juge par la concordance de la proposition émise avec les principes. Mais comme le principe tantôt se révèle aux sens, et tantôt s’y dérobe, et que, parmi les choses accessibles aux sens, les unes se comprennent par elles-mêmes, par exemple le blanc et le noir, d’autres ne se comprennent pas d’elles-mêmes, mais à l’aide d’intermédiaires, par exemple les choses qu’on reconnaît au moyen des signes ; enfin que, parmi les choses dérobées aux sens, quelques-unes sont évidentes, et on les appelle ainsi, par exemple 2 fois 2 font 4, tandis que d’autres réclament une démonstration, par exemple la chose dont on peut bien ou mal user, et le reste, il faut toujours rapporter les propositions et le théorème à l’espèce de sujet, auquel se rapportent la proposition et le théorème. S’il s’agit d’une chose accessible aux sens, on confrontera le raisonnement ou le théorème avec cette chose ; si, au contraire, c’est d’une chose cachée aux sens qu’il est question, il faut voir si elle est en concordance avec un principe inaccessible aux sens. Les moyens de juger les choses apparentes (phénomènes), et les choses cachées sont différents. Les phénomènes compréhensibles par eux-mêmes se jugent par les sens, comme le blanc et le noix. Il faut donc se moquer des médecins qui ont essayé de juger les phénomènes, non par les sens, mais par une espèce, de démonstration. Par exemple Asclépiade, à propos des membranes attachées au cœur, entrant dans de grandes discussions, soutient qu’Érasistrate se trompe parce que Hérophile, qui avait beaucoup disséqué, n’avait pas vu ces membranes, tandis que lui Asclépiade pouvait, comme il convient, aller à la recherche des phénomènes, se prononcer sur le fait lui-même, et ne pas refuser sa croyance à des opinions vraies. Donc, les moyens de juger les phénomènes compréhensibles par eux-mêmes sont les sens, ainsi que je l’ai dit ; quant aux phénomènes qui ne se comprennent pas par eux-mêmes, mais à l’aide d’un intermédiaire, ils se jugent par une observation comparée : je veux parler des phénomènes qui se révèlent par les signes. Quant aux choses inaccessibles aux sens, comme elles sont de nature très diverse, les moyens de les juger sont aussi