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RÉFUTATION DES MÉTHODIQUES.

Si, comme je l’ai également entendu au début de cette discussion, vous répétez : Tout ce qui est obscur est inutile, et si vous vous en tenez aux choses évidentes, comme vous l’avez dit au début, je vous montrerai peut-être ce que vous avez négligé, en vous remémorant les phénomènes :

Deux hommes mordus par un chien enragé vont trouver leur médecin habituel pour réclamer ses soins ; chez tous les deux la blessure est petite, de sorte que la peau même n’est pas tout à fait divisée : l’un des médecins traite seulement la blessure, ne s’inquiétant pas d’autre chose, et guérit la partie en peu de jours ; l’autre, au contraire, lorsqu’il apprend que le chien était enragé, loin de s’empresser de faire cicatriser la plaie, l’agrandit de plus en plus, en employant pendant longtemps des médicaments forts et âcres ; et il oblige le malade à boire pendant ce temps des contre-poisons et des remèdes propres à guérir la rage, comme il les appelait lui-même. Or, voilà ce qu’il advint finalement aux deux malades : l’un fut sauvé et guéri, c’est-à-dire celui qui avait bu le contre-poison ; l’autre, persuadé qu’il n’avait aucun mal, fut subitement pris d’hydrophobie et mourut dans les convulsions. Croyez-vous que, dans ce cas, on ait cherché en vain la cause procatarctique, et l’homme mourut-il par une autre raison que par la négligence du médecin, qui ne s’enquit nullement de la cause et n’employa pas le traitement tiré de l’observation ; il me semble que c’est là véritablement ce qui entraîna la mort du malade.

Puisque je m’en tiens aux phénomènes, je ne saurais négliger aucune cause de cette nature ; je ne saurais non plus ni rejeter ni mépriser la considération de l’âge, car ici encore les phénomènes m’obligent à croire que des affections identiques sous tous les rapports n’exigent pas toujours les mêmes traitements, mais que ces traitements sont quelquefois tellement différents, suivant les divers âges, que ce n’est pas seulement la quantité ou le mode d’administration, mais l’espèce même du remède qui doit être changée. Ainsi, je vous ai vu souvent saigner des pleurétiques vigoureux et à la fleur de l’âge, mais ni un méthodique, ni vous, ni aucun autre médecin n’oseraient jamais ouvrir la veine dans l’extrême vieillesse ou dans la première jeunesse.

Quand Hippocrate dit : « Avant et pendant la canicule, les