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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, x.



Chapitre x. — Les vertèbres ne pouvaient pas être plus volumineuses qu’elles ne sont. — Disposition particulière des muscles rachidiens. — La nature a fait servir le rachis à plusieurs fins. — Raisons de la multiplicité des vertèbres. — Que le degré de résistance aux lésions détermine le nombre des os pour chaque partie.


Je me persuade donc qu’aucun de ceux qui se rappellent combien de parties devaient nécessairement être situées au cou ne soutiendra que les premières vertèbres dussent être créées plus grandes qu’elles ne sont actuellement. En effet, elles auraient à elles seules envahi tout l’espace, en sorte qu’elles n’auraient laissé de place ni à l’œsophage, ni au larynx, ni à la trachée-artère. Toutes nombreuses qu’elles sont, et je les ai toutes énumérées précédemment (à propos des organes de l’alimentation, de la respirat. et de la voix), ces parties occupent la place qui convient nécessairement à chacune et qui ne saurait être transportée ailleurs. Il était impossible, non-seulement pour cette raison, mais encore pour d’autres motifs importants et nombreux, de créer plus grandes les premières vertèbres. Je vais vous exposer chacun de ces motifs. Quand nous les aurons expliqués tous, et que nous aurons fait connaître la nature et l’utilité de toute l’épine, qui seule a encore besoin d’explication, on verra très-clairement que cette partie a été elle aussi admirablement disposée par la nature. Il faut encore remarquer que les muscles de l’épine ont leurs fibres obliques, bien qu’ils soient étendus directement en ligne droite et sans déviation dans sa longueur, disposition rarement prise par la nature et seulement en vue d’une utilité toute spéciale. Ordinairement, en effet, dans chacun des muscles les fibres sont très-longues, et dans chacun d’eux les fibres sont disposées suivant la longueur. Nous devons en conséquence reprendre notre raisonnement à partir de ce point.

La nature créant chez les animaux l’épine comme une carène du corps (cf. p. 32) nécessaire à la vie (c’est par elle, en effet, que nous, hommes, pouvons marcher debout, et que chacun des autres animaux marche de la manière la plus convenable pour lui, ainsi que nous l’avons démontré dans le IIIe livre, — chap. ii ; t. I, p. 223-4, cf. aussi VII, xxii, p. 522, et Hoffm., p. 283), la nature, dis-je, n’a pas voulu que l’épine fût utile à cela seule-