Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
387
DOCTRINE DES MÉTHODIQUES.

disputent sur l’invention première des moyens de traitement, tandis-qu’ils sont d’accord sur leur emploi immédiat ; mais la secte méthodique fait nécessairement beaucoup de mal ou beaucoup de bien à la pratique de l’art. Il y a deux moyens de juger les choses, dont l’un procède par le seul raisonnement et l’autre par les phénomènes évidents. Celui-qui procède par le raisonnement seul est trop élevé pour les élèves, ce n’est donc pas le moment de s’en occuper ; l’autre, qui procède seulement par les phénomènes, est commun à tous les hommes. Qu’est-ce donc qui nous empêche d’employer d’abord ce dernier [dans notre polémique], puisqu’il est clair pour les élèves et qu’il est tenu en honneur par les méthodiques eux-mêmes ; car en toutes circonstances ils ne célèbrent que le phénomène ; c’est là ce qu’ils vantent à tout propos, disant que tout ce qui est obscur est inutile. Considérons donc d’abord les causes qu’on appelle procatarctiques en prenant les phénomènes pour règle de notre jugement.

Le méthodique, à qui je donne le premier la parole, dira à peu près ce qui suit : Pourquoi vous inquiétez-vous inutilement, ô dogmatiques et empiriques ; de refroidissement et d’échauffement, d’excès de vin et d’indigestions, de réplétion et d’abstinence, de fatigue et d’inactivité, de qualités des aliments et de changements d’habitude ? Croyez-vous que ces-choses-là servent à guérir ? devez-vous, négligeant les affections du corps, traiter les influences qui n’existent plus au début de la maladie ? Ces influences elles-mêmes ont disparu ; mais leur produit reste dans le corps, et c’est là ce qu’il faut guérir, car c’est là l’affection ; il convient donc d’examiner quelle elle est : si c’est un resserrement, il faut relâcher ; si c’est un flux, il faut resserrer, quelle que soit la cause qui produise chacun de ces états. À quoi sert donc la considération de la cause, si le flux n’a jamais besoin de relâchement, ni ce qui est resserré de resserrement ? À rien du tout, cela est évident de soi-même.

Les méthodiques tiennent le même langage sur les causes cachées prochaines dont ils regardent la recherche comme également superflue, parce que l’affection indique son traitement, même quand on ne connaît pas la cause qui l’a produite ; ils appliquent le même mode de raisonnement aux saisons, aux âges, aux pays, et s’étonnent aussi, à cette occasion, que les