Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/395

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
383
OBJECTIONS QUE SE FONT LES DEUX SECTES.

à en démontrer l’inutilité ; ou si encore ils en accordent l’utilité, ils soutiennent qu’elles sont superflues[1]. Telles sont les questions générales sur lesquelles porte la discussion entre les empiriques et les dogmatiques.

Quant aux questions particulières, il en est beaucoup sur lesquelles ils diffèrent ; par exemple, celles qui touchent à la recherche des choses cachées ; ainsi les dogmatiques préconisent l’anatomie, les indications et la science dialectique ; car, pour eux, ce sont des instruments qui conduisent à la découverte des choses cachées. Les empiriques, au contraire, soutiennent que l’anatomie ne peut servir à aucune découverte, ou du moins que ces découvertes, si elle en fait naître, ne sont en rien nécessaires à l’art ; ils nient tout à fait les indications et la possibilité d’arriver à la connaissance d’une chose par une autre, car chaque chose doit être connue par elle-même, et il n’existe point de signe qui révèle une chose cachée par nature ; de plus la dialectique ne sert à aucun art ; ils s’élèvent encore contre le fondement de la dialectique, contre les définitions, et ils disent qu’en principe il n’y a jamais de démonstration pour une chose cachée par nature.

Ils s’élèvent aussi contre les procédés vicieux de démonstration dont les dogmatiques ont coutume de se servir, et contre toute espèce d’analogisme ; suivant eux, ce dernier procédé ne saurait découvrir ce qu’il promet ; nul autre art ne s’est constitué d’après lui et il n’imprime aucun progrès aux choses humaines ; mais l’épilogisme, qu’ils nomment un raisonnement évident, est utile pour la découverte des phénomènes inconnus pour le moment ; c’est ainsi qu’ils désignent tout ce qui est du genre des choses sensibles, mais qui ne s’est pas encore manifesté ; il sert aussi à réfuter ceux qui osent avancer des choses contraires à la réalité des phénomènes, à mettre en évidence les omissions faites dans la description de ces mêmes phénomènes, à combattre les sophismes, attendu qu’il ne s’écarte jamais des choses évidentes et qu’il y prend toujours son point d’appui. Il n’en est pas de même, disent-ils, de l’analogisme ; il part, il est vrai, des phénomènes, mais il aboutit aux choses éternellement cachées ; aussi revêt-il une grande multi-

  1. C’est-à-dire sans doute qu’on peut arriver au but par un chemin plus court.