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DU MOUVEMENT DES MUSCLES, II, vi-vii.

venance : — « Je sais bien, disait-il, que j’ai un reste de fièvre, mais c’est très-peu de chose, et l’on ne peut craindre qu’un bain me fasse du mal. Car toute cette fièvre vient de mon voyage. » — Se tournant alors vers son esclave : — « Ne te rappelles-tu pas quel mal nous avons eu hier en venant de Mégare à Athènes. » — Ainsi parlant et ainsi agissant, une hémorrhagie abondante du nez lui survint, puis une sueur, et il guérit très-rapidement, mais ne se souvint d’aucun de ces faits.

Que conclure de là ? Serait-ce, tel est l’objet que dès le principe nous nous proposons de démontrer, que les actions de se lever, de parler, d’aller à la selle, d’uriner (toutes ces actions, notre homme les faisait tous les jours), ne font pas partie des actes volontaires ? Ou si cette supposition est absurde (car si ces actes ne sont pas volontaires, il n’en est pas un autre dans ce cas), ne serait-ce pas qu’il avait oublié ces actions par la même raison que les gens à jeun ne se souviennent plus de ce qu’ils ont fait dans l’ivresse.

Qu’y a-t-il d’étonnant que les choses se passent ainsi à l’égard de la respiration, qu’elle ait lieu volontairement, mais que comme nous prêtons une attention tantôt plus soutenue, tantôt plus paresseuse et plus molle, il arrive en conséquence que nous nous souvenons quand notre esprit était attentif, et que nous oublions ce qui s’est passé quand il en était autrement. Et puisque pour un fait entièrement oublié, nous ne croyons même pas qu’il ait été accompli, il en résulte que nous ne nous souvenons même pas s’il a été accompli volontairement. Que tout l’acte de la respiration soit accompli par l’âme volontairement, c’est ce que prouve le fait d’un esclave étranger qui, dans un accès de colère, résolut de se donner la mort. Il se jeta par terre et retenant sa respiration, il demeura longtemps immobile, puis se roulant un peu, il expira de la sorte. — Quand bien même il ne serait pas possible de retenir toujours sa respiration, personne ne pourrait nier pour cela qu’elle n’a pas lieu volontairement. En effet, des actes volontaires, les uns paraissent complétement libres, les autres sont subordonnés aux affections du corps. Les premiers sont toujours exécutés par nous sans obstacle, les seconds non pas toujours, mais dans certains moments et avec mesure. En effet, marcher vers quelqu’un, parler, prendre quelque chose et le rece-