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DU MOUVEMENT DES MUSCLES, II, vi.

autre travers semblable, mais, c’est le parti raisonnable et qui convient à des gens sensés, accueillons volontiers l’évidence et examinons à loisir les choses douteuses. Ainsi il est évident que la volonté gouverne la respiration ; mais il est difficile d’expliquer par quel motif nous ne suivons pas par la réflexion beaucoup des actions volontaires. Après avoir donc établi ce qui est évident, passons à la recherche de la cause, n’affirmant plus rien d’une manière absolue et ne prétendant pas avoir découvert la vraie cause, quand bien même elle serait beaucoup plus vraisemblable que ce qu’en disent ceux que je réfute. Du reste, personne, dans mon opinion, n’a trouvé la cause. Ayant seulement indiqué la méthode qu’il fallait suivre pour résoudre la difficulté, méthode que je viens d’exposer, on s’imagine avoir découvert la cause. Il faut donc accueillir ces gens, qu’ils aient trouvé la vérité ou seulement qu’ils l’aient cherchée avec zèle ; en ce qui nous concerne, il ne faut pas se décourager dans la recherche des vérités qui restent à découvrir.


Chapitre vi. — Comment on explique que certains mouvements qui s’accomplissent dans le sommeil sont des mouvements volontaires. — Théorie de la mémoire et de l’oubli. — Observation d’un homme qui extravaguait dans le délire, et qui une fois guéri perdit le souvenir de tout ce qu’il avait dit ou fait. — Si la respiration ne nous paraît pas un acte volontaire, c’est que nous ne prenons pas garde à tous les détails de cet acte. — Fait qui le prouve. — De ce qu’on ne peut pas toujours régler ou retenir ou suspendre un mouvement, il ne s’ensuit pas qu’il ne soit pas volontaire.


Pour découvrir ces vérités, nous partirons de ce principe, que bien des gens font souvent maintes choses qu’ils ont oubliées entièrement un instant après, comme sont ceux qui, par peur, par ivresse ou par quelque cause semblable, n’ont plus le moindre souvenir de ce qu’ils ont fait dans ces états. La cause de cet oubli est, selon moi, qu’ils n’ont pas appliqué toute l’attention de leur esprit à ces actions. En effet, la partie imaginative de l’âme, quelle qu’elle soit, est celle qui paraît douée de la mémoire. Si cette partie de l’âme recueille dans ses perceptions les impressions claires des objets, elle les conserve perpétuellement, et cela constitue la mémoire. Si, au contraire, elle les accueille d’une façon obscure et tout à fait superficielle, elle ne les conserve pas et cela constitue l’oubli. Aussi dans la colère, la méditation profonde,