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DU MOUVEMENT DES MUSCLES, II, v.



Chapitre v. — Que les mouvements qui s’accomplissent pendant le sommeil naturel ou morbide sont sous la dépendance de la volonté. — Distinction entre les mouvements volontaires et les mouvements involontaires. — Attaque contre ceux qui suivaient une méthode vicieuse dans la détermination de ces deux espèces de mouvements.


Elle est donc peu fondée l’opinion suivant laquelle, chez les gens endormis et plongés dans un sommeil léthargique, tous les actes sont physiques. Une pareille assertion n’est pas vraie d’une manière absolue. En effet, pourquoi transportent-ils et meuvent-ils leurs membres de toutes les façons ? Pourquoi parlent-ils endormis ? Soutiendra-t-on que ce sont aussi des actes physiques ? Mais peut-être quelqu’un dira que ces actes ne sont pas accomplis avec conscience ! En effet, ni dans le mouvement continuel des paupières, ni dans un discours, ni dans une déclamation ou une conversation, vous n’appliquez votre réflexion aux mouvements de toutes les parties, ni quand vous allez à pied du Pirée à Athènes, à tous les mouvements particuliers de vos jambes. On voit des gens plongés dans leurs réflexions arriver sans s’en douter au terme de leur route ou dépasser l’endroit où ils avaient l’intention de s’arrêter. La marche n’est-elle donc pas un acte de l’âme et ne s’accomplit-elle pas volontairement ? Il semble en effet que nous agissons sans conscience dans la marche dont il est question, et, dans le sommeil, pour les mouvements des parties qui se meuvent et pour l’activité tonique de celles qui ne se meuvent pas. Ainsi, la cause par laquelle vous expliquez que souvent les gens éveillés ne font pas attention à leurs mouvements particuliers, vous n’avez qu’à l’attribuer aux gens endormis ou plongés dans le carus, alors vous ne vous étonnerez plus comment beaucoup des actes volontaires ont lieu même chez ces gens. Mais que, dans l’ignorance de la cause, on s’empresse de déclarer qu’aucun des actes semblables n’a lieu volontairement, ne serait-ce pas téméraire ?


Si vous n’avez aucune preuve plus sûre pour juger si ce sont des actes de la volonté ou de la nature, que conclure de là, sinon qu’il ne faut rien affirmer à leur égard ? Il est juste, pour de telles questions, de rester dans l’indécision plutôt que de hasarder une opinion téméraire. Si nous avons un critérium très-éclatant des actes volontaires, comme nous le possédons, décla-