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DU MOUVEMENT DES MUSCLES, I, ix.

grand et d’autres un os plus petit, la nature a construit les muscles qui devaient les mouvoir d’un volume proportionnel à la masse des os qu’ils devaient mettre en mouvement. Il est donc conforme à la raison qu’une partie des muscles prenne son point de départ aux têtes ou aux condyles mêmes des os placés en dessus, et qu’une autre partie ait son origine un peu plus bas que les premiers ; mais aucun muscle à peu près ne provient d’un point voisin du cotyle ou de l’évasement, car un tel muscle serait tout à fait petit et incapable d’ébranler l’os sous-jacent. Voilà quelle est la nature des os réunis pour former une articulation et des muscles qui les mettent en mouvement. Vous l’imiterez parfaitement, si, après avoir attaché la chaîne à l’un des os à l’endroit où le muscle prenait son origine, vous en attachez l’autre extrémité à la tête de l’autre os, à l’endroit où le muscle s’insérait ; mais il faut prendre deux précautions : l’une que la chaîne soit assez épaisse pour être capable de mouvoir et de porter l’os sous-jacent ; l’autre que dans les positions extrêmes la chaîne ne soit pas du tout tendue, mais qu’elle soit placée comme si elle était jetée à terre sans être attachée à rien. Supposons donc deux chaînes occupant la place des muscles antagonistes destinés à étendre et à fléchir le membre, alors l’une des deux chaînes sera entièrement affranchie de tension, quand le membre présente une position extrême, la chaîne extérieure, lorsqu’il est exactement étendu, et la chaîne intérieure lorsqu’il est [complètement] fléchi[1].

Les choses ainsi préparées, il est évident que l’une ou l’autre chaîne tirées par nos mains amènent les os articulés à l’extension ou à la flexion extrêmes, que laissées à elles-mêmes elles font prendre la position moyenne à l’arrangement des os, et désormais restent dans le repos. Il faut porter une attention scrupuleuse sur la position même, car celle-ci offre exactement la moyenne entre l’extension et la contraction extrêmes. Si vous coupez l’une des chaînes en un point sans la couper tout entière, vous faites dépasser à l’arrangement des os la position moyenne, mais très-faiblement. Vous le faites davantage si vous la coupez tout en-

  1. Il est évident que Galien considère ici le résultat et non pas l’acte, c’est-à-dire la position produite et non pas se produisant.