Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
343
LES MUSCLES ONT UN SEUL MOUVEMENT ACTIF.

Quelle solution trouverons-nous à cette difficulté ? Il faut chercher dans la différence des faits la distinction entre le mouvement du corps des muscles et la faculté qui les met en exercice. Quelle est cette différence ? Le muscle ou le tendon externes étant coupés, la partie est fléchie immédiatement, quand bien même nous ne voudrions pas la fléchir. Par quoi est-elle fléchie, car c’est un point qu’il ne faut pas omettre ? Par le corps même des muscles internes ramenés naturellement sur eux-mêmes. Que si la flexion de la partie ne dépendait pas de notre volonté, comment dirait-on qu’elle est opérée par la faculté psychique ? Pour savoir donc quel est le mouvement propre de la faculté, commandez à quelqu’un de chercher à fléchir davantage la partie mutilée. Vous verrez manifestement qu’elle est fléchie. Commandez-lui alors de renoncer à la volonté de fléchir ; vous verrez, en sens inverse, la partie s’étendre jusqu’à ce qu’elle reprenne la première flexion à laquelle elle était arrivée sans le concours de la volonté. Ces phénomènes montrent clairement que jamais le corps du muscle n’arriverait de lui-même à une flexion exacte et complète sans le secours de la faculté psychique.

C’est donc inutilement, dira peut-être quelqu’un, que le corps des muscles a été créé avec la faculté de se contracter, puisque l’âme accomplit cette opération plus complétement et mieux. Celui qui prétend cela est du nombre de ces amateurs du doute et de l’indétermination, comme ils s’appellent eux-mêmes. Je demanderais volontiers à un tel homme s’il regarde la partie qui a naturellement la faculté de s’étendre comme l’organe le plus convenable de la faculté qui a l’office de contracter, ou s’il a l’opinion contraire. Pour moi je ne puis imaginer comment on aurait pu créer un organe plus impropre au mouvement que si on l’eût fait incliner de soi-même au rebours de la volonté du moteur. Si un tel organe est impropre, celui au contraire qui s’incline spontanément dans le sens même que veut le moteur, est parfaitement approprié. La faculté psychique s’empressant donc de tirer le muscle vers son propre principe, le muscle a été doué d’une structure appropriée à cet effet. Tel est l’état des choses sur ce point-là.