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LES MUSCLES ONT UN SEUL MOUVEMENT ACTIF.

le corps est contraint de demeurer au même lieu, non pas qu’il soit absolument immobile ; en effet il demeure toujours dans le même lieu, mais non pas de la même manière que le corps immobile. L’un y reste parce qu’il n’est mû en aucune façon, l’autre parce qu’il est mû dans deux directions [par deux forces égales], comme celui qui nage contre le courant d’un fleuve. Dans ce cas le nageur, s’il a une force égale à l’impétuosité du courant, demeure toujours au même endroit, non pas qu’il ne soit mû en aucune façon, mais parce qu’il se porte en avant par son mouvement propre, autant qu’il est porté en arrière par le mouvement étranger.

Il n’est pas mal d’expliquer par plusieurs exemples une chose aussi obscure. Supposez en l’air un oiseau qui paraît demeurer au même lieu. Faut-il dire que cet oiseau est immobile, comme s’il était suspendu dans l’air, ou qu’il est mû par un mouvement vers les régions supérieures, autant que le poids du corps le pousse en bas. Cette dernière opinion me semble la plus vraie. Car, supposez l’oiseau privé de la vie ou de la tension des muscles, vous le voyez descendre rapidement à terre. On constate par là que le penchant à tomber, naturel au corps pesant, était précisément contre-balancé par l’effort vigoureux de la tension psychique pour s’élancer dans l’air. Faut-il croire que dans tous les états semblables, le corps subissant tour à tour des influences contraires, est porté tantôt en bas, tantôt en haut, mais que les changements étant rapides et instantanés, et les mouvements ayant lieu à des espaces très-limités, le corps paraît demeurer au même lieu, ou bien qu’en réalité, il occupe constamment un seul lieu ? Ce n’est pas ici le moment d’examiner cette question[1]. Il est plus convenable de discuter un semblable sujet dans les dissertations physiques sur le mouvement. Il nous suffit, pour le moment, d’avoir découvert ce fait : c’est qu’une espèce d’activité de cette nature a lieu, peu importe qu’on l’appelle tonique ou de tel autre nom qu’il vous plaira. Il vaut mieux savoir en quoi elle consiste, pour ne pas croire que les muscles sont inactifs quand le bras est tendu. Il existe donc en tout quatre espèces de mouvement des muscles. En effet, ou ils se contractent ou ils s’allongent, ou bien ils sont entraînés à une autre place, ou ils restent tendus ; mais la

  1. Tout ceci revient à la théorie du parallélogramme des forces.