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LES MUSCLES ONT UN SEUL MOUVEMENT ACTIF.

Puis donc que, parmi les divers mouvements, la tension est un acte du muscle agissant comme organe de l’âme ; que l’extension est aussi un mouvement du muscle jouant le rôle d’organe, quoique ce ne soit pas un acte, mais tout simplement un mouvement ; que le troisième mouvement, qui forme le sujet actuel de notre discours, n’est pas un attribut des muscles comme êtres vivants, mais comme corps inanimés et incapables de se mouvoir par eux-mêmes, il nous faudra passer maintenant au quatrième mouvement, dont il nous reste à parler, et examiner quelle est sa nature.

Ce mouvement semble en quelque sorte être l’opposé du troisième, car nous avons montré que dans le troisième mode de mouvement les muscles restent inactifs, quoiqu’ils se meuvent, et nous allons montrer maintenant que dans le quatrième ils agissent quoiqu’on n’aperçoive pas le moindre mouvement en eux. Figurons-nous, en effet, que le bras soit étendu et qu’après cela on le maintienne dans cette position, alors nous nous demanderons quelle est la cause qui l’empêche de se porter en bas du côté où il penche en vertu de sa pesanteur, et nous répondrons que c’est parce que la contraction des muscles qui le soulèvent persiste. Avant donc que cette contraction soit complétement relâchée, il est impossible qu’on fasse changer le bras de place ; mais dès que nous cessons de contracter, il descendra du côté où là pesanteur l’entraîne, pourvu cependant qu’aucun autre muscle ne se contracte, mais que tous restent inactifs. Si au contraire un autre muscle se contracte, le bras fera un mouvement dans le sens où celui-ci l’entraîne. Il est donc clair que lorsqu’on maintient le bras dans l’état d’extension, la contraction des muscles qui le mettent dans cet état, persiste. Devons-nous donc dire qu’ils sont actifs et se tendent, mais qu’ils ne se meuvent pas ? Certes, si nous hésitons à dire qu’ils se meuvent, il ne faut pas dire non plus qu’ils sont actifs. En effet, il serait absurde d’affirmer qu’ils agissent en vertu de leur activité innée et particulière et de ne pas affirmer aussi qu’ils se meuvent[1]. Et pourtant ils ne paraissent pas se mouvoir. Pourquoi, en effet, ne pas mettre en avant les arguments opposés, quand il en devrait résulter une controverse péni-

  1. Attendu que leur activité spéciale consiste dans le mouvement.