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DU MOUVEMENT DES MUSCLES, I, i-ii.

nerf, ensuite par deux autres, dont l’un amène du sang chaud, ténu et vaporeux, et l’autre du sang plus froid et plus épais ; le premier de ces canaux s’appelle artère et le second veine. Les canaux donc qui tirent leur origine du cœur et du foie, arrosent le corps du muscle, et, pour cette raison, il n’est plus simplement un lieu (χώρα), mais il devient, pour ainsi dire, une plante ; grâce au troisième canal qui provient du grand principe, il n’est plus une plante, mais déjà quelque chose de meilleur qu’une plante, puisqu’il gagne le sentiment et le mouvement volontaire, propriétés qui distinguent l’animal de ce qui n’est pas animal. Par l’effet de ces forces, le muscle est donc devenu un organe psychique, comme il était organe physique au moyen de l’artère et de la veine. En effet, les mouvements de l’artère et de la veine sont des mouvements physiques et sans spontanéité, tandis que ceux des muscles sont volontaires, et du ressort de l’âme[1]. Dites que les mouvements des muscles sont effectués avec préméditation, intentionnellement ou volontairement, peu importe. Dans toutes ces questions, il ne faut viser qu’à un but, c’est à distinguer le mouvement des muscles de celui des artères et des veines. Ainsi quand même vous ne pourriez pas indiquer la différence par les dénominations, vous montrerez suffisamment ce que vous voulez.

Pourquoi donc n’appelons-nous pas le muscle organe du sentiment, mais uniquement organe du mouvement, quoiqu’il participe également aux deux fonctions ? Parce que les animaux n’auraient aucun mouvement volontaire sans les muscles, de sorte que le muscle est l’organe propre de ce mouvement, tandis que toutes les parties sensibles sont douées de sentiment sans l’intervention des muscles, car toute partie pourvue de nerfs est nécessairement douée de sentiment. Le muscle est donc, nous l’avons dit clairement, l’organe du mouvement volontaire. Nous avons dit aussi quel est le principe du mouvement du muscle, quels organes le lui transmettent, savoir : l’encéphale et les nerfs. Nous avons dit encore comment, dans ce muscle, se distribuent et les nerfs et les ligaments.

  1. Voy. pour la distinction des plantes et des animaux la Dissert. sur la physiologie.