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DU MOUVEMENT DES MUSCLES, I, i.

de mouvement des muscles difficile à saisir. Par exemple l’incision des divers muscles du membre inférieur rendra impossible soit la flexion, soit l’extension, soit le soulèvement, soit l’abaissement, soit la rotation de ce membre. L’inflammation, le squirrhe, la pourriture, la contusion de ces muscles ou l’induration de leurs cicatrices auront encore les mêmes conséquences pour les jambes et également pour les bras. Aussi quand les muscles des bras sont lésés, certaines personnes ne peuvent plus lever le membre, l’étendre, le fléchir ou le baisser ; d’autres ne peuvent plus le ramener d’un coté ni de l’autre, ou le tourner en arrière. Le même effet sera également produit par les lésions des tendons, organes que les médecins modernes appellent muscles transformés en nerfs, parce qu’ils voient, je pense, les muscles se terminer par ces tendons ; leur nature, en effet, est en quelque sorte mixte et tient le milieu entre celle du ligament et du nerf.

Le ligament, dans son acception propre [et anatomique], et non dans celle de lien qui est son acception vulgaire, est un corps nerveux issu dans tous les cas d’un os et qui va s’insérer sur un os ou s’insinuer dans un muscle. Son nom évidemment lui vient de son utilité. Le nerf (νεῦρον), ou tenseur (τόνος, ancien nom du nerf) naît de l’encéphale ou de la moelle. Organe unique, il a été désigné sous deux dénominations à cause de ses fonctions mêmes, étant destiné à fléchir[1] et à tendre. Pour se faire une idée de la substance du nerf, on peut se figurer l’encéphale foulé, condensé et par cela même devenu plus dur. Le corps de la moelle ressemble aussi à l’encéphale foulé et par cela même devenu dur. En effet, la partie postérieure de l’encéphale lui-même faisant suite à la moelle est plus dure que la partie antérieure ; et parmi les nerfs, les plus mous vous paraîtront ne différer aucunement de la moelle. La moelle des autres os n’est pas la même, elle est humide et presque coulante. On pourrait parfaitement la comparer à de la graisse pour la mollesse (cf. Util. des parties, XI, xviii) ; aussi vous ne trouverez aucun nerf, ni mou, ni dur, issu de cette moelle. De plus elle n’est pas recouverte par les téguments de l’encéphale et

  1. Νεύειν. Galien, imitant les étymologistes grecs qui se contentent des rapports les plus grossiers entre les mots, fait venir νεῦρον de νεύω.