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DES FACULTÉS NATURELLES, III, xv.

par un sang épais et trouble, et qu’à cet égard non plus, la nature n’ait commis aucune négligence, cela sera expliqué dans le livre Sur l’utilité des parties (cf. particul. VI, xvii). Il n’y a donc pas lieu de traiter actuellement ces questions, mais après avoir rappelé qu’il existe deux espèces d’attraction, certains corps attirant par de larges voies en se dilatant pour que s’opère le remplacement de ce qui est évacué, d’autres par l’effet d’une qualité propre, il nous reste à dire que les premiers peuvent attirer même de loin et les seconds de très-près seulement. En effet, avec un tube très-long plongé dans l’eau, vous pouvez aisément attirer le liquide dans votre bouche ; mais si vous éloignez le fer de la pierre aimantée ou le blé du vase d’argile (un exemple de cette espèce a été cité précédemment, —— I, xiv, p. 240), l’attraction ne peut plus avoir lieu. Les conduits des jardins vous donneront de ceci une idée fort nette. Ces conduits distribuent de l’eau à tout leur voisinage ; plus loin elle ne peut arriver ; aussi est-on forcé, à l’aide de beaucoup de petits canaux dérivés du grand conduit, d’amener le cours d’eau dans chaque partie du jardin. Les intervalles laissés entre ces petits canaux sont de la grandeur suffisante pour qu’ils jouissent pleinement de l’humidité qu’ils attirent et qui les pénètre de chaque côté. La même chose a lieu dans le corps des animaux. Beaucoup de canaux ramifiés dans toutes leurs parties leur amènent le sang comme l’eau dans un jardin. Les intervalles de ces vaisseaux ont été, dès le principe, admirablement ménagés par la nature pour qu’il n’y ait ni insuffisance dans la distribution aux parties intermédiaires qui attirent le sang à elles, ni danger pour elles d’être inondées par une quantité superflue de liquide déversée à contre-temps. Car tel est leur mode de nutrition.

Dans un corps fait d’une pièce, tel qu’Érasistrate suppose le vaisseau, les parties superficielles jouissent les premières de la nourriture avec laquelle elles sont en contact. Les parties suivantes attirant en vertu de leur contiguïté, la reçoivent de celles-ci ; puis d’autres à leur tour reçoivent de ces dernières et cela ne cesse que quand la qualité de la substance nutritive est distribuée dans toutes les parties du corps. Quant aux parties qui pour nourriture ont besoin d’une humeur fortement altérée, la nature a disposé chez elles une sorte de réservoir, soit des cavités ou des cavernes, ou quelque chose d’analogue à des cavernes. Ainsi les chairs, celles