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DES FACULTÉS RÉTENTIVE ET EXPULSIVE.

seulement la matrice et l’estomac, mais encore la vésicule du foie et aussi les reins. Pourtant on ne peut assigner un autre principe à la sécrétion de l’urine et de la bile, nous l’avons démontré dans le premier livre (chap. xiii et suiv. ; II, ii, viii). Lors donc que nous voyons la matrice, l’estomac et la vésicule biliaire opérer l’attraction et l’excrétion par un seul et même conduit, ne nous étonnons plus si parfois la nature déverse aussi, par les veines, les superfluités dans l’estomac. Il faut encore moins s’étonner, si l’aliment distribué par les veines de l’estomac dans le foie, peut, en cas d’abstinence prolongée, être rapporté par celles-ci à l’estomac (cf. Util. des parties, IV, xix).

Douter de pareils faits, c’est la même chose que refuser de croire que les médicaments purgatifs attirent de tout le corps dans le canal intestinal les humeurs convenables, par les mêmes orifices qui tout à l’heure servaient à la distribution de l’aliment ; c’est vouloir trouver des conduits pour la distribution et d’autres pour la purgation. Cependant si un seul et même conduit sert aux deux facultés, accomplissant l’attraction en sens inverse à des époques différentes, d’abord à la faculté attractive du foie, puis, au moment de la purgation, à celle du médicament, comment s’étonner que les veines situées entre le foie et la région de l’estomac possèdent une fonction et une utilité doubles, en sorte que si l’estomac renferme une quantité surabondante d’aliment, une partie est déversée par les veines susdites dans le foie, et que si au contraire l’estomac est vide et a besoin de nourriture, cet aliment est attiré et ramené par les mêmes veines du foie à l’estomac (cf. Util. des parties, IV, xix).

Toute partie paraît exercer son attraction sur toute partie et lui céder quelque chose en échange : de là communauté de flux et de souffle (cf. I, xii, à la fin) dans toutes les parties ; et comme l’a dit admirablement Hippocrate : la partie plus forte attire, la partie plus faible se vide. Or, une partie est plus forte ou plus faible qu’une autre, soit d’une manière absolue, naturelle et commune à tous les êtres (cf. Utilité des parties, XIV, vii, p. 109), soit par une condition spéciale à cette partie. Chez tous les hommes comme chez tous les animaux, naturellement, le cœur a plus de force que le foie, le foie que les intestins et l’estomac, les artères que les veines pour attirer ce qui est utile et ex-