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DES FACULTÉS NATURELLES, III, viii-ix.

stimulé par son désir, remonte dans la bouche. Or cela ne peut arriver d’autre façon que si l’estomac attire à lui les aliments par l’œsophage comme par une main. En effet, de même que parfois la vivacité de notre désir fait qu’en même temps que nous tendons la main, nous penchons nous-mêmes le corps tout entier pour saisir plus promptement l’objet désiré, de même l’estomac s’incline avec l’œsophage comme avec sa main. C’est pourquoi chez les animaux où se rencontrent à la fois ces trois circonstances : violent besoin de nourriture, œsophage petit, vaste étendue de la bouche, un léger mouvement en avant fait remonter tout l’estomac dans la bouche.

Peut-être à un homme qui a étudié la nature, suffirait-il de la disposition seule des organes pour déduire la preuve de leur action. En effet, la nature n’aurait pas formé l’œsophage de deux tuniques disposées en sens contraires, si l’une et l’autre ne devaient pas agir différemment. Mais puisque les partisans d’Érasistrate sont capables de tout plutôt que d’étudier les œuvres de la nature, eh bien, montrons-leur aussi, par la dissection des animaux, que l’une et l’autre tunique exercent l’action indiquée. Prenez un animal, et après avoir mis à nu les corps situés sur l’œsophage sans couper aucun des nerfs, ni aucune des artères ou des veines situées en cet endroit, partagez par une incision droite, à partir du menton jusqu’au thorax, la tunique externe pourvue de fibres transverses, puis donnez de la nourriture à l’animal, vous le verrez avaler, bien que l’action péristaltique soit abolie. Si chez un autre animal vous coupez les deux tuniques par des sections transversales, vous le verrez aussi avaler sans que la tunique intérieure agisse, ce qui démontre qu’avec l’une d’elles il est capable d’avaler, quoique moins aisément qu’avec toutes les deux. En effet, outre les autres points, il est encore une chose à considérer nettement dans la dissection indiquée, c’est que dans la déglutition, l’œsophage se remplit d’air avalé avec les aliments, lequel est facilement poussé avec les aliments dans l’estomac par la contraction de la tunique extérieure, tandis que si cet air séjourne dans l’œsophage, il entrave la marche des aliments, en distendant la tunique et en gênant son action. Érasistrate n’a rien dit de tout cela ; il n’a pas dit non plus que la direction courbe de l’œsophage réfute clairement l’opinion de ceux qui supposent que dans