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DES FACULTÉS RÉTENTIVE ET EXPULSIVE.

quand nous avons pris très-peu d’aliments, l’estomac se contractant exactement sur ces aliments et les pressant de tous côtés. Parfois l’estomac est rempli, et les gargouillements s’entendent comme s’il était vide. L’estomac, dans son état naturel et usant normalement de sa faculté péristaltique, ne contînt-il que peu d’aliments, il les embrasse tous et ne laisse aucune place vide. Mais s’il est dans un état de langueur, comme il ne peut les embrasser exactement, alors il s’opère en lui des vides ; en conséquence, les liquides qu’il renferme ballottent de côté et d’autre, selon la diversité des formes [de l’estomac] et produisent des gargouillements. Aussi les personnes qui se trouvent dans ce cas doivent s’attendre à ne pas digérer convenablement ; car il n’est pas possible qu’un estomac faible cuise bien ses aliments. Ces personnes sentent plus longtemps le poids des aliments séjournant sur l’estomac, parce que chez elles la coction s’opère plus lentement. Ce qu’on admirerait le plus chez ces personnes, c’est le long séjour dans l’estomac, non pas seulement des aliments solides, mais encore de la boisson. La cause réelle n’est pas, comme on pourrait le penser, l’étroitesse de l’orifice intérieur (pylore) qui ne livrerait passage qu’aux aliments exactement broyés. En effet, nous avons vu bien des personnes avaler un nombre considérable de gros noyaux de fruits ; une autre a avalé par mégarde un anneau d’or qu’elle tenait à la bouche, une autre une pièce d’argent, une autre un objet dur et incapable d’être digéré ; cependant toutes ces personnes ont rendu par la défécation ce qu’elles avaient avalé, sans qu’aucun accident s’ensuivît. Si l’étroitesse du conduit de l’estomac était la cause du séjour prolongé des aliments non broyés, aucun des objets dont il s’agit n’y eût passé. Mais le séjour si long des boissons dans l’estomac de ces mêmes personnes suffit pour éloigner le soupçon d’étroitesse du conduit. En somme, si la promptitude de la sortie dépendait de la chylification, les potages, le lait et le suc de tisane passeraient en un instant chez tout le monde. Il n’en est pas ainsi dans les estomacs faibles, ces liquides surnagent longtemps et provoquent des gargouillements, pressent et chargent l’estomac. Dans les estomacs forts, non-seulement aucun de ces accidents ne survient, mais encore une grande quantité de pain et de viande passe rapidement.