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DES FACULTÉS NATURELLES, II, ix.

le corps de l’animal a besoin d’en être exempt. L’humeur épaisse et l’humeur légère, signalées plus haut, sont utiles à l’animal. Le sang est purifié par la rate et par la vésicule du foie ; et il se dépose des unes et des autres humeurs tout ce qui, eu égard à la quantité et à la qualité, en se répandant dans le corps, y eût causé quelque désordre. En effet, la partie très-épaisse, terreuse et entièrement soustraite au changement qui s’opère dans le foie, est attirée par la rate. L’autre partie, médiocrement épaisse, après s’y être élaborée, est portée dans tous les sens. En effet, le sang a besoin d’une certaine épaisseur dans plusieurs parties de l’animal, comme il a aussi besoin, je pense, des fibres qu’il charrie. Platon (Timée, p. 82 c-d) a parlé de leur utilité. Nous en parlerons aussi dans le traité où nous exposerons les utilités des parties. Le sang a également besoin de l’humeur jaune, non encore arrivée au dernier degré de combustion. Nous dirons aussi, dans le même traité (V, iv), ce qu’elle doit être [pour être utile] et quelle est son espèce d’utilité, eu égard au sang.

La nature n’a créé aucun organe purificateur du phlegme, parce qu’il est froid et humide et semblable à un aliment demi-cuit dans l’estomac. Une telle humeur n’a donc pas besoin d’être évacuée, mais d’être altérée en séjournant dans le corps. Quant à la superfluité qui découle de l’encéphale, on la nommerait peut-être avec raison, non pas phlegme, mais mucus et coryza, comme on la nomme en réalité. D’ailleurs nous expliquerons dans l’ouvrage Sur les utilités des parties (VIII, vi-viii) comment la nature a convenablement pourvu à l’évacuation de cette humeur. Nous dirons encore dans ce traité (V, iv) quel est l’expédient imaginé par la nature pour l’évacuation rapide et complète du phlegme qui se forme dans l’estomac et les intestins. Quant au phlegme qui circule dans les veines, comme il est utile aux animaux, il n’a pas besoin d’être évacué.

Ici il faut remarquer et savoir que si, dans chaque espèce de bile, il y a chez les animaux une partie utile et selon la nature, une partie inutile et contre nature, de même pour le phlegme, toute la partie douce est utile et naturelle chez l’animal, tandis que la partie devenue salée et acide est pour la partie acide complétement incuite, et pourrie pour la partie salée. Quand nous disons que le phlegme est entièrement incuit, il s’agit de la se-