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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

cause de corruption vient s’ajouter à l’humeur noire telle qu’elle est dans son état naturel. La plupart des anciens médecins, ce me semble, appellent humeur noire et non pas bile noire la partie même de l’humeur dans son état naturel qui passe par les selles et souvent flotte à la surface dans le vase ; ils nomment bile noire la partie qui par la combustion et la corruption a pris la qualité acide. Du reste il ne faut pas discuter sur les termes, mais savoir que telle est la réalité.

Dans la génération du sang, toute la partie épaisse et terreuse de la nature des aliments qui, apportée avec la nourriture, ne subit pas convenablement l’altération produite par la chaleur innée, est attirée par la rate. La partie des aliments cuite pour ainsi dire et brûlée (que ce soit la partie la plus chaude et la plus douce, comme le miel et la graisse), transformée en bile jaune, est purifiée par les vaisseaux dits vaisseaux cholédoques. Celle-ci est ténue, humide et fluide, différente de celle qui, excessivement cuite, devient d’un jaune ardent, ignée, épaisse et semblable au jaune d’œuf ; car cet état est contre nature, tandis que le premier est conforme à la nature. De même pour l’humeur noire, celle qui n’excite pas encore un bouillonnement et une fermentation spéciale sur la terre, est dans son état naturel ; celle qui a pris une apparence et une puissance telles est déjà contre nature, la combustion causée par la chaleur en excès lui ayant communiqué de l’âcreté et l’ayant transformée en une sorte de cendre. C’est ainsi que la lie brûlée diffère de la lie non brûlée. La première est assez chaude pour brûler, liquéfier et corrompre la chair. On voit des médecins employer l’autre, celle qui n’est pas encore brûlée, dans les cas où l’on emploie la terre dite terre à potier, et les autres substances propres à sécher et à refroidir en même temps.

Cette bile vitelline prend souvent l’aspect de la bile jaune ainsi brûlée, quand elle aussi (c’est-à-dire la bile vitelline) a été cuite pour ainsi dire par une chaleur ardente. Pour toutes les autres espèces de biles, les unes résultent du mélange de celles que nous avons citées, les autres sont comme des acheminements à la génération de ces humeurs et à leur transformation mutuelle. Elles diffèrent, en ce que les unes sont simples et exemptes de mélanges, tandis que les autres sont mélangées avec certaines sérosités. Or toutes les sérosités des humeurs sont des superfluités, et