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DES FACULTÉS NATURELLES, II, viii.



Chapitre ix. — Que la recherche de la cause de l’altération des fonctions est utile pour le traitement des maladies ; réfutation de l’opinion contraire d’Érasistrate. — Des qualités apparentes et virtuelles des humeurs. — Combinaison ou conjugaison de ces qualités. — Tempérament de la bile noire et de ses effets ; nécessité pour le médecin de savoir quelle est sa puissance dans le corps et de connaître l’organe qui la sécrète. — Comparaison de la génération ou séparation des humeurs avec les produits de la fermentation. — De la bile jaune, de la bile noire et du phlegme (cf. Util. des parties, V, iv, t. I, p. 343, 344, 347-8). — Galien n’a voulu donner que ce résumé de la doctrine des anciens. — Mention spéciale de la division des humeurs par Praxagore.


Ce que j’ai dit à ce sujet doit donc être regardé moins comme une démonstration que comme une marque de l’obstination de ceux qui ont une opinion différente et qui méconnaissent les faits journaliers sur lesquels tout le monde est d’accord. Quant à la démonstration scientifique, il faut la tirer des principes que nous avons posés en commençant, lorsque nous déclarions (I, iii) que l’action exercée et subie réciproquement par les corps dépend du chaud, du froid, du sec et de l’humide, et que si les veines, le foie, les artères, le cœur, l’estomac ou quelque autre partie exercent une action quelconque, on est forcé par d’invincibles nécessités de reconnaître que cette action existe dans l’organe en vertu d’un certain mélange des quatre qualités. En effet pourquoi l’estomac se contracte-t-il sur les aliments ? pourquoi les veines engendrent-elles le sang ? C’est ce que je voudrais apprendre des disciples d’Érasistrate, car savoir seulement que l’estomac se contracte n’est pas suffisant en soi-même si nous en ignorons la cause. C’est à cette seule condition-là, je pense, que nous pouvons redresser les erreurs. Nous ne nous inquiétons pas, disent-ils, et nous ne nous embarrassons pas de semblables causes, car elles sont au-dessus du médecin et concernent le physicien. Que ferez-vous ? Réfuterez-vous celui qui prétend que le juste tempérament selon la nature est la cause de l’action de chacun des organes, qui signale déjà comme maladie le mauvais tempérament et lui attribue indispensablement la lésion de l’action. Ou bien vous rendrez-vous aux démonstrations des anciens ? ou bien prendrez-vous un troisième parti moyen, et ne voulant ni vous rendre nécessairement à leurs raisonnements comme à l’expression de la vérité, ni les discuter comme faux, vous poserez-vous tout d’un coup en sceptiques et en pyrrhoniens ? Cependant