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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

que le miel y contracte la nature du sang. Ainsi Hippocrate (Régime dans les maladies aiguës, § 15 et 16) ne donnait pas un conseil hors de propos quand il disait que le miel ne convient pas aux personnes naturellement bilieuses, parce qu’elles sont d’un tempérament trop chaud. C’est ainsi que le miel est mauvais dans les affections bilieuses, et au contraire bon pour les vieillards, au rapport non-seulement d’Hippocrate, mais encore de tous les médecins qui ont découvert dans la nature même du miel la puissance qu’elle manifeste, ou qui l’ont trouvée par l’expérience seule. En effet, les médecins empiriques n’ont observé aucun autre fait que ceux-ci : le miel est bon pour le vieillard, il ne l’est pas pour le jeune homme ; il est nuisible à l’individu naturellement bilieux, utile à celui qui a du phlegme. De même pour les affections, il est contraire dans les bilieuses et bon dans celles où le phlegme domine. En un mot, dans les corps chauds par nature ou par maladie, par l’âge ou par la saison, par la contrée ou par le genre de vie, le miel engendre la bile ; il engendre le sang dans les conditions contraires. Or le même aliment ne saurait chez les uns engendrer la bile, chez les autres engendrer le sang, si ce n’était pas dans le corps que s’accomplit la génération de ces humeurs. Si chacun des aliments contenait en lui-même et par lui-même la bile, au lieu de l’engendrer en se transformant dans le corps des animaux, il l’engendrerait également dans tous les corps, et l’aliment ayant un goût amer, produirait la bile, je pense, tandis que l’aliment doux et bon n’engendrerait pas de lui-même la plus petite parcelle de bile. Et cependant ce n’est pas seulement le miel, mais encore tout aliment doux qui, dans les corps chauds, par une des causes quelconques énoncées tout à l’heure, se transforme rapidement en bile. Cette question, je n’avais pas l’intention de l’aborder ; la suite du raisonnement m’a seule entraîné à en parler. Ce sujet a été traité longuement par Aristote et Praxagore[1], qui ont très-bien expliqué l’opinion d’Hippocrate et de Platon.

  1. Voy. Sprengel, Hist. de la médecine, en allemand ; éd. Rosenbaum, t. I, p. 471 et suiv.