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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

ce qu’il faut ajouter au raisonnement. En effet, la plaie non plus que le bubon n’étaient capables de la léser. Autrement ils l’auraient lésée même avant que la fièvre survînt. Si la lésion n’est pas produite par eux, il est évident que c’est par l’excès de la chaleur. Car deux symptômes se sont surajoutés au bubon, l’altération du mouvement dans les artères et le cœur, et l’excès de la chaleur naturelle : l’altération du mouvement non-seulement ne nuira pas à l’action de l’estomac, mais encore elle y aidera chez les animaux chez lesquels Érasistrate suppose que la coction est notablement favorisée par le pneuma qui tombe à travers les artères dans l’estomac ; il ne reste donc que l’excès seul de chaleur pour expliquer la lésion de la fonction de l’estomac. Le pneuma s’y introduira alors avec plus de rapidité, de continuité et d’abondance qu’auparavant. Ainsi, sous ce rapport, les animaux chez lesquels la coction s’opère bien par le pneuma, auront une coction meilleure ; il ne reste donc que l’excès de la chaleur comme cause du trouble de leur digestion. Dire qu’il existe dans le pneuma une propriété servant à la coction, laquelle est anéantie dans la fièvre, c’est avouer une absurdité d’une autre manière ; car si on demande encore par quoi le pneuma a été altéré, on ne pourra rien répondre, sinon que c’est par suite d’une chaleur contre nature, surtout quand il s’agit du pneuma de l’estomac. En effet, ce pneuma n’approche en aucun cas du bubon.

Mais pourquoi citer les animaux chez lesquels la propriété du pneuma a une grande action, quand je puis m’autoriser des hommes chez lesquels son action est nulle, ou tout à fait faible et petite. Que dans la fièvre la coction se fasse mal, Érasistrate lui-même le reconnaît, et pour en donner la cause il dit que l’action de l’estomac est lésée. Il ne peut invoquer d’autre cause de la lésion que l’excès de la chaleur. Or, si la chaleur contre nature nuit à l’action, non pas accidentellement, mais par l’effet de sa substance et de sa force, elle doit être rangée dans les affections premières ; cependant l’on ne saurait ranger parmi les affections premières la chaleur excessive, si l’action (la fonction) n’est pas produite par un juste tempérament. En effet, le mauvais tempérament ne peut devenir cause des affections premières que par suite de la destruction du juste tempérament ; car si c’est de lui qu’émanent les fonctions, sa perte doit entraîner nécessairement les