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DES FACULTÉS NATURELLES, II, vi.

est composé des petits corps qu’admettaient Épicure, Leucippe et Démocrite. En effet je vois les disciples d’Érasistrate divisés sur cette question. Les uns croient qu’il est un et continu ; autrement, ajoutent-ils, Érasistrate n’aurait pas dit de lui qu’il est simple. D’autres osent le diviser en parties élémentaires. Mais s’il est un et continu, ce qui s’échappera de lui, dans cet acte insensible que les médecins nomment perspiration insensible, n’y laissera aucun vide ; autrement, il serait non pas un corps mais plusieurs corps séparés par les espaces vides. S’il est formé de corps nombreux, nous revenons à Asclépiade, comme dit le proverbe, par la porte du jardin, en établissant qu’il y a certains éléments incohérents. Dans ce cas, la nature est convaincue d’inhabileté, car ce serait la conséquence nécessaire de pareils éléments. C’est donc une marque de complète ignorance que cette division des vaisseaux simples en de semblables éléments introduite par certains disciples d’Érasistrate.

À mes yeux il n’y a aucune différence [entre les deux manières de voir]. Dans les deux systèmes, le mode de nutrition est inexplicable. Quant à ces petits vaisseaux simples qui forment les nerfs grands et visibles, dans le système de ceux qui les considèrent comme continus, la théorie du remplacement de ce qui est évacué ne saurait être applicable, puisque aucun vide ne se produit dans un corps continu, y eût-il même écoulement, attendu que les parties qui restent se réunissent les unes aux autres, comme cela est visible pour l’eau, et recomposent un tout unique dans tous les sens, en prenant la place de la partie enlevée par la distribution. Il est encore inexplicable dans le système des autres, puisque aucun de ces éléments n’a besoin du remplacement de ce qui est évacué ; en effet, c’est seulement sur les corps visibles, et non sur les corps conçus par le raisonnement que s’exerce sa puissance, comme le déclare formellement Érasistrate lui-même, en répétant qu’il entend parler non de ce vide imperceptible disséminé dans les corps, mais de ce vide évident, sensible, continu, grand, manifeste, et autres épithètes qu’il vous plaira encore de lui donner. Érasistrate lui-même déclare qu’un corps visible formant un tout continu ne saurait devenir vide.

Pour moi, qui avais en abondance d’autres épithètes tendant à dire la même chose dans la question qui m’occupe actuellement,