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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

ses, n’évite pas ces mêmes difficultés. Car en admettant sa seule proposition sur le remplacement de ce qui est évacué, comme nous le démontrions précédemment (I, xvi), sa théorie n’était applicable qu’aux veines seules et au sang qu’elles renferment. En effet quand le sang s’écoule par leurs orifices et se dissipe, le lieu ne pouvant pas se vider d’un seul coup, ni les veines retomber sur elles-mêmes (c’était là le point omis), il fallait qu’une nouvelle colonne de sang survînt et remplît la place vide. Nos veines se nourriront ainsi en profitant du sang qu’elles renferment. Mais les nerfs, comment se nourriront-ils ? car ils ne renferment pas de sang. Il était facile de dire que c’est en attirant ce sang des veines. Mais Érasistrate ne le veut pas. Qu’imagine-t-il donc alors ? C’est que le nerf renferme en lui des veines et des artères et qu’il ressemble à une chaîne formée de trois tresses de nature différente. Il croyait que cette hypothèse le dispensait de recourir à l’attraction. En effet le nerf, s’il renferme en lui-même un vaisseau sanguin, n’a plus besoin que la veine réelle adjacente lui fournisse du dehors un autre sang ; ce vaisseau, perceptible seulement par le raisonnement, doit lui suffire pour la nutrition. Ici encore une difficulté semblable se présente. Ce petit vaisseau se nourrira bien lui-même ; mais pourra-t-il nourrir ce nerf simple qui est adjacent, ou l’artère, s’il n’existe en eux aucune attraction innée pour l’aliment ? Comment en vertu de la théorie du remplacement de ce qui est évacué le nerf simple pourrait-il encore attirer la nourriture comme le font les veines composées ? Le nerf, dit-il, renferme une cavité. Oui, mais elle est pleine de pneuma psychique et non pas de sang. Pour nous, nous avons besoin d’amener par le raisonnement la nourriture dans le vaisseau qui la renferme et non dans cette cavité, soit qu’il lui faille se nourrir seulement, soit qu’il lui faille encore s’accroître. Comment l’y amènerons-nous ? En effet, ce vaisseau simple est si petit, et chacun des autres canaux (artère et nerf simples) est si petit aussi, qu’en enfonçant une aiguille très-fine, on les divise tous les trois en même temps. Il ne saurait donc se former en lui un vide assez considérable pour être perceptible aux sens. Et pour le vide que conçoit la pensée, le remplacement continu de la matière évacuée n’est pas une nécessité.

Je voudrais ici encore demander à Érasistrate, à propos de ce petit nerf élémentaire, s’il est exactement un et continu, ou s’il