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DES FACULTÉS NATURELLES, II, vi.

ce passage du premier livre De l’ensemble des choses, où le maître dit : « Comme [en marchant deux à deux], s’ouvrent au même lieu d’autres vaisseaux, ceux qui vont au canal cholédoque et ceux qui vont à la veine cave (v. sus-hépat.), il arrive que parmi les aliments venus de l’estomac, les parties étant en conformité avec chacun des orifices, passent dans chacun des vaisseaux, et que les unes se dirigent vers le canal cholédoque tandis que les autres achèvent de se rendre à la veine cave. » Que signifient ces mots : ouverture au même lieu qui se trouvent au commencement de la phrase ? c’est ce qu’il est difficile de dire. Par cette expression au même lieu, Érasistrate entend-il qu’à l’extrémité de la veine située à la partie concave du foie (veine porte) se rattachent deux autres extrémités vasculaires, celle de la veine située sur la convexité du foie (v. sus-hépatiques) et celle du conduit cholédoque ; ou bien faut-il comprendre autrement et supposer un lieu commun différent des trois vaisseaux, une sorte de réservoir rempli par la veine inférieure et se vidant dans les conduits cholédoques et dans les ramifications de la veine cave ? L’une et l’autre explication présentent beaucoup d’inconvénients, et si je m’arrêtais à les signaler, j’écrirais sans m’en apercevoir un traité sur Érasistrate au lieu d’achever l’exposition de mon sujet. Un inconvénient commun aux deux explications, c’est que tout le sang n’est pas purifié. Il doit en effet pénétrer dans le vaisseau cholédoque comme dans un crible au lieu de passer rapidement et de s’écouler dans le grand orifice, entraîné par le cours de la digestion. Sont-ce les seules difficultés insolubles contre lesquelles vient se heurter le raisonnement d’Érasistrate décidé à n’appliquer à rien la faculté attractive ? Ou du moins ici sa chute est-elle si violente et si manifeste qu’elle n’échappe pas même à l’œil d’un enfant ?


Chapitre vi. — Impossibilité d’expliquer la nutrition des nerfs dans la théorie d’Érasistrate. — Discussion incidente sur la question de savoir si les nerfs sont simples ou composés d’éléments différents. — Désaccord à ce sujet entre Érasistrate et ses disciples. — Dans le système d’Érasistrate, c’est la nature qui vient après les parties au lieu de leur être antécédente, comme cela doit être si la nature mérite l’épithète d’artiste qu’Érasistrate lui-même lui donne.


À l’examiner attentivement, la dissertation d’Érasistrate touchant la nutrition insérée dans le deuxième livre Sur l’ensemble des cho-