Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
DES FACULTÉS NATURELLES, II, iv-v.

sont engendrées par la chaleur naturelle. Toutes ces considérations et bien d’autres encore sur les facultés précitées, sur la génération des maladies, sur la découverte des médicaments, Hippocrate le premier entre tous les médecins ou philosophes que nous connaissons, les a exactement présentées. Aristote après lui les a convenablement développées. Et cependant si toutes ces opinions sont adoptées, comme elles le sont effectivement par les péripatéticiens, tandis qu’aucune n’est approuvée par Érasistrate, que signifie aux yeux de ses disciples ce commerce du chef de leur doctrine avec les philosophes de cette secte ? Ils l’admirent comme un Dieu et regardent toutes ses assertions comme des vérités. S’il en est ainsi, il faut croire que les philosophes péripatéticiens se sont beaucoup écartés de la vérité puisque aucune des hypothèses d’Érasistrate n’a leur assentiment. Et cependant les disciples d’Érasistrate font valoir les rapports de leur maître avec ces hommes éclairés comme une espèce de noblesse pour sa doctrine de la nature.

Maintenant retournons la proposition que nous venons d’émettre : si les doctrines des péripatéticiens sont vraies, il n’y a rien de plus ridicule qu’Érasistrate. Je donne le choix à ses partisans eux-mêmes. Ils doivent combattre la première proposition ou la seconde. La première affirme qu’il n’y a aucune notion juste de la nature chez les péripatéticiens, la seconde qu’il n’y en a aucune chez Érasistrate. Mon rôle est de signaler l’antagonisme des opinions ; leur rôle à eux est de choisir. Mais jamais ils ne se départiront de leur admiration pour Érasistrate. Qu’ils ne parlent donc plus des philosophes péripatéticiens. Car au milieu de ces dogmes sur la génération et la mort des animaux, sur leur santé, leurs maladies, sur le traitement de ces maladies, nous ne trouvons qu’un point de commun entre Érasistrate et ces écrivains, c’est que la nature a toujours un but et ne fait rien en vain. D’ailleurs cette proposition, Érasistrate ne la maintient qu’en parole, en fait il la renverse à chaque instant. Ainsi, au dire d’Érasistrate, c’est inutilement que la nature a créé la rate, inutilement l’épiploon, inutilement les artères insérées sur les reins, bien que de toutes les artères engendrées par la grande artère (aorte), celles-ci soient à peu près les plus considérables, inutilement enfin beaucoup d’autres organes. Il faut, s’il ignore ces dispositions organiques, qu’il