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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

médiaires, elle s’agrandit dans tous les sens. Comment cette corbeille pourrait-elle s’accroître ? dira quelqu’un ; comment ? sinon en devenant tout d’un coup animal ou plante, car il n’y a d’accroissement que pour les êtres vivants. Vous pensez peut-être que la maison s’accroît pendant qu’on la bâtit, la corbeille pendant qu’on la tresse, et le vêtement pendant qu’on le tisse. Mais il n’en est pas ainsi. Car il n’y a d’accroissement que pour l’objet déjà achevé quant à sa forme. Le progrès de l’objet qui marche encore à l’achèvement de sa forme s’appelle non pas accroissement mais formation. En effet ce qui est, s’accroît ; ce qui n’est pas, devient.


Chapitre iv. — Érasistrate, si l’on en croit ses disciples, n’ignorait rien et connaissait à fond la doctrine des péripatéticiens ; mais les péripatéticiens savaient et croyaient ce que croyait et savait Hippocrate ; or les doctrines d’Hippocrate sur les qualités élémentaires et sur les facultés naturelles sont en opposition directe avec celles d’Érasistrate.


Ces distinctions sont inconnues d’Érasistrate qui n’ignorait rien, s’il faut en croire ses disciples ; car ils nous assurent qu’il avait eu un commerce fréquent avec les philosophes péripatéticiens. Tant qu’il célèbre la nature comme industrieuse, je reconnais aussi les opinions péripatéticiennes, mais je ne trouve chez lui absolument rien d’autre qui s’en rapproche. En effet, si l’on étudie les écrits d’Aristote et de Théophraste, on croirait y trouver les commentaires de la théorie d’Hippocrate sur le chaud, le froid, le sec, l’humide, sur leur action et leur réaction mutuelle, le chaud étant parmi ces qualités élémentaires le plus actif, et le froid venant après lui pour la puissance ; toutes ces considérations émises pour la première fois par Hippocrate sont répétées après lui par Aristote. Les corps nourris sont nourris dans toute leur substance, les corps mélangés sont mélangés intégralement, les corps altérés sont altérés intimement ; ce sont encore des considérations communes à Hippocrate et à Aristote. La coction est une altération et une transformation de l’aliment en la qualité propre du corps nourri ; la sanguification est une altération, la nutrition également ; l’accroissement s’opère par l’augmentation en tous sens du corps et par la nutrition ; l’altération est produite surtout par le chaud, et conséquemment aussi la nutrition, la coction et la formation de toutes les humeurs. De plus, dans les superfluités les qualités