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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

s’en amasser au delà de ce qui est évacué. Si aucune autre cause ne vient s’ajouter, et si l’afflux de l’urine est réglé par le seul rapport avec l’évacuation, jamais cet afflux ne doit excéder l’évacuation. Mais il n’avait pas à invoquer une autre cause vraisemblable, comme la compression de l’estomac pour la distribution de l’aliment. Cette cause, pour le sang contenu dans la veine cave, manque entièrement ; non-seulement la longueur de la distance la rend impossible, mais encore le cœur superposé lui enlève, à chaque fois qu’il se dilate avec force, une quantité de sang non petite. Pour les parties inférieures de la veine cave le principe du remplacement de ce qui est évacué demeure encore stérile et privé d’arguments spécieux, le fait des rétentions d’urine mortelles et aussi la position des reins lui enlevant sa vraisemblance. En effet, si tout le sang se portait aux reins, on aurait raison de dire que tout le sang s’y purifie. Comme ce n’est pas tout le sang, mais uniquement la portion du sang contenue dans les veines aboutissant aux reins qui s’y déverse, cette portion seule sera purifiée ; la partie séreuse et ténue du sang traversera les reins comme un crible ; la partie sanguine et épaisse demeurant dans les veines fera obstacle à un nouvel afflux de sang ; ce sang sera donc forcé de rétrograder vers la veine cave et ainsi de vider les veines qui aboutissent aux reins ; ces veines ne charrieront plus une seconde fois aux reins un sang impur, car étant occupées par le premier afflux du sang, il n’y reste aucun chemin libre. Quelle est donc la faculté qui ramènera des reins le sang purifié ? Quelle faculté s’emparant de ce sang le contraindra de descendre à la partie inférieure de la veine cave et défendra au nouveau flux de sang venu d’en haut de s’écarter sans avoir traversé les reins ?

Érasistrate, qui voyait toutes les difficultés de ces questions et qui comprenait qu’une seule opinion, celle de l’attraction, satisfaisait l’esprit sous tous les rapports, ne voulant ni affronter ces difficultés, ni répéter une opinion d’Hippocrate, a jugé préférable de garder le silence sur la manière dont s’effectue la sécrétion. Mais s’il a gardé le silence, nous ne le garderons pas. Car nous savons qu’il n’est pas possible de laisser de côté la doctrine d’Hippocrate et de venir ensuite parler autrement que lui de l’action des reins, sans être complètement ridicule.

Pour cette raison Érasistrate a gardé le silence, Asclépiade a