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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.



Chapitre xv. — Que la séparation de l’urine d’avec le sang se fait en vertu de la faculté attractive des reins, et non pas par l’impulsion des veines ou par une espèce de filtrage.


Après ces discussions frivoles, que nous avons entamées non pas volontairement, mais forcés, comme dit le proverbe, d’être fous avec les fous, revenons à la sécrétion de l’urine, et là, oubliant les vaines allégations d’Asclépiade, cherchons, avec ceux qui sont convaincus que l’urine est filtrée par les reins, quel est le mode d’action de ces organes ? Car nécessairement ou l’urine se porte spontanément aux reins, pensant que cela est préférable, comme nous quand nous descendons au forum ; ou bien, si cette explication est impossible, il faut trouver quelque autre cause de ce transport. Quelle est cette cause ? Si nous n’accordons pas aux reins une faculté attractive de l’urine, comme Hippocrate le pensait[1], nous ne trouvons aucune autre cause plausible. En effet, si l’urine ne se porte pas spontanément aux reins, il faut que ceux-ci l’attirent, ou que les veines la charrient, cela est évident pour tout le monde. Si les veines en se contractant poussent en avant, elles introduisent dans les reins non pas l’urine seulement, mais avec elle tout le sang qu’elles contiennent. Reste l’attraction des reins, si cette dernière explication est impossible, comme nous le démontrerons.

Comment donc cela (c’est-à-dire le mouvement d’impulsion des veines) est-il impossible ? La situation des reins s’y oppose. En effet les reins ne sont pas placés sous la veine cave comme le sont, par rapport aux superfluités de l’encéphale, les conduits du nez et du palais, conduits semblables à des cribles ; ils sont placés de chaque côté de cette veine. Et cependant si les reins, comme les cribles, laissent passer promptement la partie ténue et complètement séreuse et retiennent la partie plus épaisse, il faut que tout

  1. Je n’ai pas retrouvé le passage auquel Galien fait ici allusion. Je lis au contraire dans le traité Des lieux dans l’homme, § 8, « que les uretères filtrent l’urine » et dans le centon Sur la nature des os, t. I, p. 504, éd. Kuehn ; « que la boisson est comme filtrée par les reins » (ὥσπερ καὶ διὰ τῶν νεφρῶν διηθεῖται τὸ ὕδωρ). Or c’est précisément une opinion combattue par Galien dans ce chapitre même. Peut-être a-t-il raisonné par induction, car on trouve au commencement du IVe livre Des maladies une théorie générale sur l’attraction, mais non pas sur celle de l’urine en particulier.