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DES FACULTÉS NATURELLES, I, xiii-xiv.

faculté attractive de la qualité propre. Aussi prétend-il que le cnicus (carthame), la baie du daphné cnidien (espèce de daphné) et l’hippophaes (euphorbia spinosa), ne tirent pas du corps le phlegme, mais l’y engendrent ; que la fleur ou les battitures de cuivre, que le cuivre lui-même brûlé, que la germandrée, que le carthame résolvent le corps en eau, et que ces médicaments soulagent les hydropiques, non en les purgeant, mais en les faisant évacuer ; or sans évacuation le mal augmenterait assurément ; car si le remède n’expulse pas l’humeur aqueuse renfermée dans le corps, mais l’y engendre, il aggrave le mal. La scammonée aussi, loin d’expulser la bile du corps des ictériques, transforme en bile le sang utile, fond le corps. Ce médicament, qui, dans les idées d’Asclépiade, cause de si grands désordres et qui augmente le mal, est néanmoins évidemment salutaire à bien des gens. Cela est vrai, dit-il, mais seulement parce qu’il fait évacuer. Et cependant qu’on leur donne un médicament qui expulse le phlegme, ils n’en éprouveront pas de soulagement. Cette vérité est si évidente, qu’elle est connue de ceux-là mêmes qui s’appuient seulement sur l’expérience. Du reste pour ces gens c’est une règle de conduite de ne pas ajouter foi au raisonnement, mais seulement aux faits évidents. Ceux-ci raisonnent sensément ; pour Asclépiade, il extravague, quand il veut que nous n’ajoutions pas foi à nos sens dans un cas où le fait donne un démenti net à ses hypothèses. Pourtant il eut été de beaucoup préférable de ne pas combattre des faits et de s’en rapporter à eux en toutes choses.

Sont-ce donc les seuls faits qui combattent les opinions d’Asclépiade, ou ne faut-il pas encore invoquer les suivants : que les mêmes médicaments évacuent en été plus de bile, en hiver plus de phlegme ; que chez le jeune homme ils évacuent plus de bile, chez le vieillard plus de phlegme ? La vérité est que chaque médicament entraîne l’humeur qui existe, mais n’engendre pas celle qui n’existe pas. Si donc, pendant l’été, vous donnez à un jeune homme d’un tempérament sec et chaud, qui ne vit ni dans la paresse ni dans les excès de la table, un médicament qui expulse le phlegme, vous lui ferez rendre et à grand peine une très-faible quantité d’humeur, et vous compromettrez gravement sa santé. Au contraire, si vous lui donnez un cholagogue, l’évacuation sera abondante et il n’éprouvera au-