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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

à celles qu’il débitait à propos de l’urine. Il n’est pas moins plaisant au sujet de la bile noire et de la rate, ne saisissant pas ce qu’Hippocrate a pu dire et s’efforçant de sa bouche insensée et en délire de nier ce qu’il ignore. Quel profit a-t-il tiré de semblables dogmes pour le traitement des maladies ? Incapable de guérir un néphrétique, un ictérique ou un mélancholique, il n’accorde même pas un point reconnu, je ne dis pas seulement par Hippocrate, mais encore par tout le monde ; c’est que certains médicaments purgent la bile jaune, d’autres la bile noire, ceux-ci le phlegme, ceux-là l’humeur ténue et aqueuse ; il va même jusqu’à prétendre que ces médicaments engendrent chacune de ces matières expulsées, comme la bile est produite par les canaux cholédoques.

Peu importe, d’après l’étonnant Asclépiade, qu’on donne aux hydropiques un hydragogue ou un cholagogue ; car, dit-il, tous les médicaments évacuent et fondent également le corps, et les produits de cette colliquation prennent l’aspect de la matière évacuée, qui auparavant n’existait pas sous cette forme. Ne devons-nous pas croire qu’il est fou ou complètement étranger aux œuvres de l’art ? Qui ne sait, en effet, que si l’on donnait aux ictériques un médicament qui expulse le phlegme, ils ne rendraient pas quatre cyathes ? Il en est de même si on leur administrait quelque hydragogue ; tandis qu’un cholagogue fait évacuer une très-grande quantité de bile, et que chez les personnes ainsi purgées le teint bientôt redevient clair. Beaucoup de gens ainsi traités par nous, dans cette affection du foie, ont vu disparaître le mal après une simple purgation. Mais donnez un purgatif antiphlegmatique et vous n’obtiendrez aucun résultat.

Ce n’est pas seulement Hippocrate qui sait (dans le traité De la nature de l’homme, § 5) que les choses se passent ainsi, tandis que les gens appuyés sur la seule expérience auraient une opinion différente ; mais ces gens, aussi bien que tous les médecins qui ont souci des œuvres de l’art, pensent de même, hormis Asclépiade. Il a cru qu’il trahirait les éléments dont il supposait l’existence, s’il reconnaissait la vérité sur de telles questions. Car s’il était rigoureusement constaté que tel médicament attire seulement telle ou telle humeur, ce médecin courrait risque qu’on ne reconnût par le raisonnement que dans chaque maladie il existe une