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DÉFINITIONS ET GÉNÉRALITÉS.



Chapitre xi. — La nutrition consiste en trois opérations : juxtaposition, agglutination et assimilation de l’aliment. — Ordre de succession et différences entre ces trois opérations. — Définition de l’aliment d’après Galien et d’après Hippocrate.


Rappelons-nous le but même qu’avait la nature en créant des parties aussi nombreuses et telles qu’elles sont. Le nom de l’œuvre, comme nous l’avons dit d’abord, est nutrition. La définition de ce terme est : assimilation de l’aliment à l’être nourri. Pour que cette assimilation ait lieu, il faut qu’il y ait d’abord agglutination, et cette agglutination présuppose une juxtaposition. Quand donc l’humeur, destinée à nourrir une quelconque des parties de l’animal, sort des vaisseaux, elle commence par se répandre dans toute cette partie, puis elle s’y applique, elle y adhère et enfin elle s’assimile (cf. Utilité des parties, VI, x, p. 410). Les affections nommées lèpres blanches (λευκαίlèpre de la Bible) montrent la différence de l’assimilation et de l’adhérence, comme cette espèce d’hydropisie que les médecins appellent anasarque établit nettement la distinction entre la juxtaposition et l’agglutination. En effet, cette sorte d’hydropisie ne résulte pas, comme certaines atrophies et phthisies, du défaut d’afflux d’humeur, car la chair paraît suffisamment humide et humectée, et chacune des parties solides du corps est dans un semblable état. Il s’opère bien une certaine juxtaposition de l’aliment qui afflue ; mais comme il arrive trop humide encore, incomplétement réduit en humeur, et dépourvu de cette qualité visqueuse et agglutinative qui est un produit de l’influence de la chaleur naturelle, l’agglutination ne peut s’effectuer, attendu que l’aliment glisse et se détache des parties solides du corps, par l’abondance d’une humeur ténue et mal cuite. — Dans la lèpre blanche il y a agglutination de la nourriture, mais non pas assimilation ; et cela prouve que nous avions raison d’avancer tout à l’heure que, dans la partie destinée à être nourrie, doivent avoir lieu d’abord la juxtaposition, puis l’agglutination, puis l’assimilation.

À proprement parler, l’aliment est ce qui nourrit actuellement ; le quasi-aliment, qui ne nourrit pas encore, par exemple celui qui est agglutiné ou juxtaposé, n’est pas un aliment dans le sens propre ; il en usurpe le nom. En outre, ce qui est contenu dans les veines, et plus encore ce qui est renfermé dans