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DÉFINITIONS ET GÉNÉRALITÉS.

ment qu’on connaisse l’altération opérée dans la substance tout entière, afin qu’on n’imagine pas que la substance de l’os, du nerf, de la chair et de chacune des autres parties est renfermée dans le pain comme dans une source commune (μισγάγκεια), et qu’ensuite, sécrétée dans le corps, elle va s’agréger à la substance homologue. Et cependant, avant la séparation, tout le pain se montre transformé en sang. Que pendant un temps fort long quelqu’un se nourrisse de pain seulement, ce n’en est pas moins du sang qui sera renfermé dans ses veines. Ce fait, évidemment, convainc d’erreur l’opinion qui considère les éléments comme immuables. Il en est de même, je pense, de l’huile qui se consume tout entière dans la flamme de la lampe, et du bois qui bientôt devient feu. J’étais décidé à ne pas entamer la discussion ; mais l’exemple cité faisant partie de la médecine, et m’étant utile dans le cas actuel, j’ai dû le rappeler.

Abandonnant donc, comme je disais, toute discussion contre ces adversaires, j’écris mon livre pour ceux qui veulent connaître les doctrines des anciens et le fruit de mes observations particulières sur cet objet. Je cherche, c’est le but indiqué dès le principe, combien il existe de facultés de la nature, quelles elles sont, et quelle œuvre il est donné à chacune d’accomplir. Par œuvre (ἔργον), j’entends la chose faite et achevée par l’action des facultés naturelles, comme le sang, la chair et le nerf. J’appelle action (ἐνέργεια) le mouvement efficace (δραστικὴ κίνησις), et la cause de ce mouvement, je la nomme faculté (δύναμις). En effet, si, dans la transformation de l’aliment en sang, le mouvement de l’aliment est passif et celui de la veine actif, et si, dans le déplacement des membres, c’est le muscle qui meut, tandis que les os sont mus, je dis que le mouvement de la veine et des muscles est une action. Quant à celui de l’aliment et des muscles, je le nomme symptôme (σύμπτωμα) et affection (πάθημα. Voy. Gal. Méth. thérap., I, ix). Car dans le premier cas il y a altération, et dans le second transport (c’est-à-dire déplacement). On peut donc nommer œuvre une certaine opération de la nature, comme la coction, la distribution de l’aliment, la sanguification ; mais l’œuvre ne saurait être appelée action ; car la chair est une œuvre de la nature, ce n’est pas une action. Évidemment donc, l’un des termes se prend en deux sens, l’autre n’a qu’une acception.