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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XVII, iii.

pas que l’animal souffre quand les os sont malades. Ainsi la connaissance de l’utilité n’est pas moins indispensable pour le diagnostic de l’affection d’une partie que la connaissance des fonctions. Cette connaissance sert également pour le pronostic. En effet, comme la substance des os est utile dans les jambes pour la marche, nous saurons que toutes les affections incurables qui y surviennent, par exemple, une luxation avec plaie, entraîneront une impossibilité perpétuelle de marcher. S’il se produit une luxation sans plaie qui reste incurable, comme cela arrive à l’ischion, on trouve également, et qu’elle rend le membre estropié pour jamais, et dans quel sens sera la claudication, ainsi qu’Hippocrate l’a écrit dans son traité Des articulations (§ 60, t. IV, p. 256 et suiv.).

Outre les avantages qu’on vient d’énoncer, on en tire un troisième de cet ouvrage : c’est contre les sophistes qui se refusent à admettre que les crises soient l’œuvre de la nature, et qui lui dénient toute prévoyance dans la construction des animaux, en nous opposant, comme n’existant pas, l’utilité des parties, utilité qu’ils ignorent. Ces gens semblent en effet, par cette manœuvre, enlever tout art à la nature ; ils se moquent ensuite d’Hippocrate qui nous recommande d’imiter ce que la nature a coutume de faire au moyen des crises (cf. Aph., I, 22, et IV, 2). Nous sommes donc forcés d’examiner l’utilité de chaque partie, lors même que cela ne servirait à rien pour le diagnostic ou le pronostic des maladies.

Le médecin retirera encore de ce traité, et de la connaissance des fonctions, un grand avantage pour la thérapeutique. En effet, lorsqu’il s’agira de couper, de circonscrire, d’enlever une partie qui est pour ainsi dire tombée en putréfaction, ou d’extraire, soit une flèche, soit un trait, connaissant quelle est l’utilité des parties, il saura quelle partie on peut tailler hardiment et quelle il faut ménager.


Chapitre iv. — Que ce dix-septième livre est l’épode de tout l’ouvrage.


Ces avantages de notre ouvrage, en quelque nombre et quels qu’ils soient, le présent livre les expose comme le fait une bonne épode (ἐπῳδός) : mais je n’emploie pas le mot épode comme dé-