Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XVII, i.

conde est celle qui vient des parties ; attendu que nous ne voulons avoir aucune partie pour elle-même, attendu qu’elle serait inutile si elle ne correspondait pas à une fonction, de sorte qu’elle serait plutôt à supprimer qu’à désirer. En effet, s’il y avait dans le corps une telle partie, nous ne dirions jamais que toutes ont une certaine utilité. Comme il n’existe, ni chez l’homme, ni chez les animaux, une telle partie, nous disons que la nature est industrieuse.

Je vais donc raconter ce que j’ai éprouvé la première fois que j’ai considéré un éléphant. Ceux qui ont vu l’animal comprendront facilement ce que je vais dire, et ceux qui ne l’ont pas vu s’en rendront aisément compte s’ils prêtent attention à mes paroles : Chez cet animal, là où chez les autres existe le nez, il y a une partie pendante, d’un petit diamètre, étroite et longue, qui descend jusqu’à terre. La première fois que je vis cette singularité, je pensai que cette partie était superflue et mutile ; mais lorsque je considérai que l’éléphant s’en sert comme d’une main, elle ne me sembla plus inutile, l’utilité de la partie étant en rapport avec ce qu’il y a d’utile dans la fonction ; car, l’utilité de la partie se manifeste par l’intermédiaire de l’utilité de la fonction. Donc l’éléphant manie toutes choses avec l’extrémité de cette partie ; il la moule sur les objets qu’il doit prendre, jusqu’à pouvoir saisir les plus petites pièces de monnaie, pour les donner lui-même à ceux qui sont montés sur lui, en étendant vers eux sa trompe (προνομαία καὶ προβοσκίς), car c’est ainsi qu’on nomme la partie dont nous nous occupons. Si donc l’animal ne se servait pas de sa trompe, elle serait superflue, et en la faisant, la nature ne se serait pas montrée entièrement industrieuse ; mais comme, en réalité, l’animal s’en sert pour des fonctions très-importantes, elle est utile et nous révèle l’art de la nature. En outre, voyant que l’extrémité de la trompe est percée à l’instar des narines, et, constatant par moi-même que l’animal respire par ces trous, je trouvai dans cette partie une nouvelle utilité. L’animal étant mort, je disséquai les conduits qui s’étendent depuis l’extrémité jusqu’à la racine. Je trouvai que ces conduits avaient, comme les narines chez nous, une double terminaison : l’une qui aboutit au cerveau, l’autre qui s’ouvre dans la bouche, et j’admirai encore davantage l’artifice de la nature. Ayant appris de plus [par Aristote, Hist. des anim., I,