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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XVI, xii-xiv.

veines, les amenant de droite à gauche et de gauche à droite, d’avant en arrière et réciproquement d’arrière en avant, des parties externes aux parties internes, et des parties internes aux parties externes. On peut voir, en effet, à travers les os de la tête, un grand nombre d’artères petites comme des fibrilles, sortir de la dure-mère et d’autres y arriver des parties externes pour s’unir les unes aux autres dans le diploé des os. Les artères se mêlent aux veines, les veines aux artères, les deux espèces de vaisseaux s’entrelaçant avec les nerfs et les nerfs avec ces vaisseaux dans tout le corps de l’animal ; ces dispositions se révèlent nettement en beaucoup d’endroits quand on dissèque avec soin. En effet, l’exiguïté des vaisseaux les laisse facilement passer inaperçus, si l’on ne prête une attention entière et si l’on n’est expert en dissection. Cependant l’utilité indispensable de tout cet entrelacement est manifeste, puisqu’il est nécessaire à toutes les parties du corps d’être nourries, de sentir et de conserver une chaleur naturelle également répartie. Ainsi donc, dans chaque organe, les artères et les veines deviennent complétement insensibles, que l’on vienne à les brûler, à les couper, ou même encore à les écraser, du moins si l’on a isolé avec des liens les nerfs qui s’y rendent.

Il faut aussi être au courant de cette particularité, que l’on constate dans presque toutes les artères et les veines, c’est qu’en s’insérant sur un muscle, sur un viscère ou sur quelque autre partie, elles envoient toujours certaines ramifications ténues aux corps environnants. Les veines en envoient parfois de très-nombreuses et d’un volume considérable ; les artères en envoient de moins nombreuses, et qui, le plus souvent aussi, sont d’une dimension inférieure ; néanmoins elles en envoient également. La cause en est que la nourriture est nécessaire à toutes les parties chaudes et froides, dures et molles ; mais toutes n’exigent pas une exacte mesure dans la conservation de la chaleur naturelle. En effet, les parties froides, par leur tempérament naturel, descendues même au dernier degré de refroidissement, le supportent néanmoins, vivent et se réchauffent de nouveau sans inconvénient. Tout cela a été démontré ailleurs, et en particulier dans les traités Sur l’utilité de la respiration et du pouls, et comme nous l’avons dit au début même de ce livre (I, viii), il ne faut pas chercher dans cet ouvrage la démonstration d’aucune action naturelle. En effet, la